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Critique de oblo


Roman épistolaire qui servit à son auteur de critiquer plus librement le système politique de la France du 18ème siècle, les Lettres persanes usent d'un stratagème simple, et pourtant si souvent éprouvé par nos contemporains à travers leurs voyages : le point de vue extérieur sur une société. Montesquieu campe deux personnages persans, Uzbek et Rica qui, dans les années 1710, viennent en France. Leur séjour dure neuf ans, et il est l'occasion d'étonnements très divers de la part des deux hommes, qui correspondent par lettres entre eux et avec d'autres Perses établis en Europe. Pour autant, ces deux personnages ne sont pas des coquilles vides : les développer sert aussi l'exotisme du roman, sorte d'attrait formidable pour le lectorat d'alors. Uzbek avait des relations étroites avec le shah, puisqu'il possédait un harem ; Rica, lui, prend le voyage à Paris comme une occasion de se former, laquelle le réjouira fortement.
Toutefois, la critique sociale est virulente : Rica montre du doigt le ridicule des élites françaises, l'orgueil aussi du peuple, la superficialité des hommes et des femmes. Les Perses décrivent, avec un oeil neuf, la vie politique du royaume : le roi guerrier, le clientélisme permanent, le pouvoir absolu. La critique est enfin religieuse, visant l'intolérance de ceux qui se disent apôtres de l'Amour universel pour mieux frapper cruellement leurs ennemis.
D'une facilité de lecture remarquable, le livre est tout à la fois l'occasion d'un regard historique sur une société passée mais dont nous sommes encore les héritiers - notamment du siècle des Lumières - ainsi qu'un véritable et original traité politique.
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