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Critique de Marcellina


Magnifique ! Mon premier coup de coeur de l'année :-)

Un roman sur fond historique très très bien documenté, des rencontres amusantes avec des personnages réels, des lieux si bien décrits qu'on les visite juste en lisant, des événements importants qui ont marqués le XIXème siècle et enfin, un tout bel hommage à une reine, la dentelle.

Noire de Bayeux ou blanche d'Alençon, aux fuseaux ou à l'aiguille, à la main ou mécanique, bourgeoise ou impériale, la dentelle ou l'or du XIXème siècle se trouve bien en place en Normandie où se déroule notre histoire. Sublime, elle occupe une position de choix dans l'industrie normande, beaucoup d'aristocrates et même de simples bourgeois vont s'enrichir en installant à demeure des ateliers plus ou moins importants où les dentellières aux coiffes bien blanches se ruineront la vue à longueur de journée.

Travail éreintant, travail passionnant, les petites filles bien sages apprennent très tôt, un peu de sous en plus, c'est toujours bon à prendre car pour les dentellières, le travail n'est pas rentable ; beaucoup de temps et de patience pour juste un petit élément qui ne vaut à lui tout seul pas grand-chose. Drôle de vie que celle de ces pauvres petites qui se bâillonnent la bouche pour éviter que l'air vicié qui en sort ne gâche l'ouvrage, pauvres petites mains qui tremblent d'une blessure au doigt qui détruit irrémédiablement le travail, pauvres filles enfin qui travaillent parfois dans une cave pour garder la bonne humidité au fil et se retrouvent aveugles avant quarante ans. Et pourtant, quelle fierté de se dire dentellière car pour elles, c'est bien mieux que de travailler à l'usine.

« Mais était-ce bien cela que Dieu voulait – dans ce pays de Normandie où l'esclavage avait été aboli deux cents ans avant les autres régions de France – voir cette créature attachée là, à sa pauvreté, par un fil, épinglée elle aussi au réseau de sa misère ? »

Une plume vivante et tellement vraie que le terroir normand se découvre dans ce qu'il a de plus beau et de plus authentique ; des pommiers en fleurs au cidre qui requinque, des petites fermes à colombages aux meubles rustiques bien cirés, des cités riches aux rues étroites et aux églises imposantes. Un avant goût de nos prochaines vacances en fait :-)

Et je n'ai même pas parlé des personnages qui sont tellement bien campés qu'on imagine pouvoir les croiser dans les rues d'Alençon ou à Paris ou pourquoi pas à Bruxelles car la Belgique est aussi pays de dentelles. Ne dit-on d'ailleurs pas dentelle d'Angleterre pour la blonde de Flandre, une façon détournée d'éviter les taxes utilisée par les contrebandiers de l'époque :-)

J'ai adoré, et il me reste quelques romans non lus de cette auteure en réserve ! Trop hâte d'en commencer un autre ;-)
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