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Critique de Arakasi


Nous sommes dans le somptueux palais de la reine Gloriana, monarque de l'empire d'Albion. Entre ces murs dorés, courtisans, diplomates, soldats, savants, ambassadeurs et artistes batifolent et s'affrontent, chacun soucieux de protéger ses intérêts et d'orienter la politique de la reine en sa faveur. On trompe. On ment. On négocie. On manipule. Dans cette foule bigarrée, quelques silhouettes se distinguent. La reine elle-même bien entendu : la belle Gloriana, monarque toute puissante mais rongée par l'impossibilité d'assouvir les désirs charnels qui la dévorent jours et nuits. Il y a aussi la meilleure amie de la reine, la comtesse Una de Quaith, qui aurait fait un époux idéal si, par malheur, elle n'était pas née femme. Ainsi que le chancelier Montfallcon qui dirige le royaume depuis la mort du défunt roi et veille avec le même soin jaloux sur la reine et son empire.

Et puis, il y a le capitaine Quire, le meilleur agent du chancelier Montfallcon et le plus malfaisant. Maître-espion, assassin, maître-chanteur, voleur (oh, il me plaît celui-là !)… Quire possède bien des talents, mais il se considère avant toutes choses comme un artiste. Là où certaines personnes naissent avec un don pour le piano ou pour la poésie, lui-même excelle dans un domaine très particulier : l'exercice du Mal. Hélas, tout le monde ne semble pas apprécier à sa juste valeur cette inestimable qualité. Et quand le chancelier Montfallcon insinue que Quire n'est qu'un vulgaire coupe-jarret dépourvu de conscience, celui-ci prend très mal la chose. Une telle insulte demande réparation ! Elle justifie au moins une trahison, le chute de Montfallcon et pourquoi pas – ne soyons pas chiches – celle du royaume d'Albion tout entier…

« Gloriana ou la reine inassouvie » est un roman qui vaut indubitablement le détour, à mi-chemin entre une uchronie élisabéthaine et un univers féérique. Inutile de chercher là un reflet fidèle de l'Angleterre de la reine Elisabeth I : l'auteur ne se soucie pas de dresser une uchronie réaliste, mais construit plutôt son histoire comme un conte de fée complexe et cruel. Il entraîne le lecteur dans un labyrinthe d'intrigues politiques et charnelles où les personnages rivalisent de ruse, d'ambition et de perversion. Ceux-ci sont généralement des archétypes – le serpent tentateur, la vierge sacrifiée… – ce qui ne les rend pas moins charismatiques, ni intéressants pour autant. le palais lui-même semble sorti tout droit d'une histoire des « Mille et une nuits » avec ses dimensions gigantesques, ses inestimables richesses et ses multiples recoins où rodent les engeances les plus sordides. Pour conclure : un roman fort bien écrit et doté d'une ambiance prenante et vénéneuse. Je conseille vivement aux amateurs du genre !
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