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Critique de Pavlik


"The Killing Joke" (Rire et Mourir, en français) est assurément un épisode marquant dans l'univers de Batman même si son rapport à la continuité est ambiguë. Scénarisé par Alan Moore, dessiné par Brian Bolland et colorisé par John Higgins, cette histoire fait date pour deux raisons : elle relate l'agression de Barbara Gordon (la fille du commissaire Gordon) par le Joker, agression qui la laissera paralysée durant de nombreuses années, et l'obligera à raccrocher son costume de Batgirl (jusqu'en 2010 ou Gail Simone l'a fait "renaître") pour devenir, au sein des Birds of Prey, Oracle (une pro du renseignement via internet). de plus, Alan Moore nous propose, via une série de flashbacks, sa propre vision des origines du Joker et en fait un comique raté, obligé d'accepter de participer à un cambriolage (sa femme est enceinte et il a grand besoin d'argent) qui tourne mal. C'est là ou "The Killing Joke" devient ambiguë car, si d'autres origines au Joker furent suggérées par le passé, aucun auteur ne s'y était arrêté avec autant de détails et de précision. Ainsi, certains considèrent cette histoire comme un elseworld quand d'autres y voient les origines officielles du clown du crime.

Quoi qu'il en soit, aucun amateur de Batman, quelle que soient ses convictions à ce sujet, ne niera la qualité de cette histoire. le dessin de Bolland est vraiment fantastique, très expressif, hyper réaliste avec un trait d'une rare finesse, parfaitement mis en valeur par l'encrage. La colorisation de Higgins est vraiment classe, proposant des associations parfois osées mais vraiment maîtrisées et elle participe beaucoup à l'ambiance de folie qui règne, surtout dans les scènes qui se déroulent au parc d'attraction investit par le Joker et ses sbires afin d'y torturer le commissaire Gordon. Sacrée torture d'ailleurs (c'est marrant, allez savoir pourquoi,en le relisant, j'ai pensé à Greg320i^^). Ma deuxième réflexion a été de me dire que Moore doit avoir une dent contre Gordon, même si sa résistance est remarquable, le Joker ne réussissant finalement pas à l'entraîner dans la folie. Au passage, donner une explication rationnelle à la folie du Joker (et donc à ses actes) enlève quand même beaucoup du charme et du mystère, voir de la peur, qu'inspire le personnage. Sinon, le décorum du parc d'attraction horrifique, bien rendu, m'a fait penser à la "Foire des Ténèbres" de Bradbury mais je ne saurais dire si Moore connait ce roman (je pense que oui car c'est un classique dans les pays anglo-saxons).
La confrontation finale entre Batman et le Joker est vraiment très intéressante et, au même titre que sa volonté de faire basculer Gordon dans la folie, son discours sur une santé mentale défaillante, suite à un trauma, qui serait le lien qui l'unirait à Batman (à la différence que ce dernier refuserait de l'admettre) semble prouver que, tout psychopathe qu'il soit, le Joker n'assume pas entièrement ses déviances (voir culpabilise ?) et a besoin d'entraîner d'autres personnes avec lui afin de justifier ses actes. La réponse de Batman sera, évidement, la bonne, c'est-à-dire une réponse du côté de la loi (on l'a d'ailleurs connu moins tatillon sur le sujet).

En choisissant de nous révéler le passé du Joker et donc de nous expliquer les mécanismes de sa folie, Alan Moore sacrifie le mystère (et donc, en partie, la force) du personnage au profit d'une humanité enfin révélée. En somme, c'est une forme de trahison par rapport à l'histoire de ce personnage (ou plutôt, en l'occurrence, à la non-histoire) et il n'est pas étonnant qu'il soit difficile, pour certains fans, de l'envisager comme faisant partie de la continuité de l'univers de Batman.
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