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Critique de YvPol


YvPol
28 février 2012
En bon détective désabusé, un rien ironique et cynique, et quelque peu misanthrope (mais pas mysogine, la réputation des détectives privés est en jeu) Vincent Calvino se moque des conventions des usages et fonce tête baissée dans son enquête, quitte parfois à prendre des risques inconsidérés et à prier pour que son ami Pratt le sorte d'une mauvaise passe. Toutes les clefs du genre sont réunies pour faire de cette enquête un bon roman policier : des vrais personnages avec des vies cabossées, une multi-intrigue qui tient jusqu'aux dernières pages et des lieux absolument -et malheureusement pour ceux qui ont vécu ces années- idéaux pour placer une histoire forte. Mais, parce que "mais" il y a, ce roman est encore mieux que cela : il a un p'tit plus.
Ce p'tit plus, c'est le contexte géographique et historique. Géographique, parce que je ne pense pas qu'il existe une multitude de polars qui se déroule au Cambodge et en Thaïlande. Historique, parce qu'il se passe en 1993, dans l'après Pol Pot, lorsque le pays est sillonné par les forces de l'ONU censées protéger les populations et préparer la mise en place d'un régime démocratique. La société cambodgienne de l'époque est particulièrement violente et fait peu cas de quelques morts par-ci par-là. Les jeunes femmes sont prostituées pour gagner quelques malheureux dollars et prennent physiquement et psychiquement 10 ans de vie en 1 seule année civile : elles meurent jeunes, de maladie, de fatigue ou d'une balle perdue. Phnom Penh est une ville en décrépitude, en déroute dans un pays en qui ne se relève pas.
Christopher G. Moore a été journaliste et vit en Asie du sud-est depuis presque 25 ans, c'est dire s'il maîtrise son sujet. (Ce roman a été écrit en 1999 mais n'est traduit que cette année en français et l'auteur en a écrit d'autres avec le détective Vincent Calvino). Il ne nous épargne rien, ni les visites des bordels de Phnom Penh, ni les exactions des truands du coin ni les actes répréhensibles parfois violents et souvent impunis de certains soldats de l'ONU, ni ses interrogations sur le métier de journaliste et le bien-fondé des images ou reportages qu'ils peuvent rapporter. La visite de la prison T-3 est un chapitre assez éprouvant mais nécessaire pour tenter d'expliquer l'arbitraire du régime et les violences qu'il fait subir aux habitants parfois sans raison justifiable
Vous l'aurez compris, ce polar m'a convaincu. Mieux qu'un reportage simple au pays des Khmers, pour le même prix, vous avez le reportage et l'enquête de Vic Calvino. Que demander de plus ?
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