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Critique de Pasoa


Une image comme inversée, atténuée et partielle du dehors, une image d'un paysage, d'un jardin contenu dans le reflet d'une fenêtre laissée ouverte, dans lequel apparaît aussi la rumeur et les senteurs du jour, son présent et sa nostalgie.
Une réalité qui ne se laisse pas retenir dans la perception d'un seul angle de vue mais qui peut atteindre nos sens et notre attention comme le font les bruits sourds dans une pièce voisine, l'écoulement sonore dans la canalisation d'un radiateur, une conversation inaudible au bas de l'immeuble,...

Ces rumeurs du dehors, ces senteurs étranges ou reconnaissables, cette voie inconnue ou familière,... Autant de perceptions qui agissent dans la poésie de Fabio Moràbito, comme une manière de s'approprier le quotidien dans sa part silencieuse et imprévue, de plonger au plus près de la poésie.

Dans une écriture sensible et déliée, l'écrivain mexicain parle des revers de la vie mais aussi de toutes les secrètes contreparties que l'existence nous offre. Ce que j'apprécie dans la poésie de Moràbito, c'est la délicate mise en mots de nos vies tenues en équilibre, devenues précaires par les épreuves, par l'enfance envolée, par la solitude et la mort.

“Chaque livre que j'écris
me vieillit,
me rend mécréant.
J'écris contre
mes pensées
et contre le bruit
de mes coutumes.
Dans chaque livre
je m'acquitte d'un voyage
que je ne fais pas.
Dans chaque page que je termine
je scelle un accord,
je me dis adieu
au plus profond de moi,
mais sans arriver à aller bien loin.
J'écris pour ne pas rester au coeur
de ma chair,
pour éviter la tentation du centre,
pour esquiver et résister,
j'écris pour me mettre à l'écart
mais sans me détacher de moi-même.”*

La poésie de Fabio Moràbito emprunte à la gravité et la légèreté, s'inspire de l'absurde et de l'ironie pour décrire des scènes de la vie simple, des scènes fortuites qui ont élu domicile dans le souvenir, celles des jours et des nuits, réalité étrange et intime, qui nous cerne de tous côtés.


(*) À tâtons / A Tientas – pp. 272-273
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