AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de MonsieurHyacinthe


Compliqué de chroniquer ce livre, tant j'y trouve qualités et défauts.

Dans la première moitié du recueil, comme dans le diptyque "Max Winson, tome 1 : La Tyrannie" et "Max Winson, tome 2 : L'échange" du même auteur, on retrouve chez Jérémie Moreau la dualité tordue, intéressée et abusive du pygmalion face à un élève crédule. J'ai adoré cette mise en bouche, percevoir l'humain et ses troubles multiples, les jeux de dupe. C'est terriblement bien ficelé, senti et cruel. Loin de moi l'idée d'apprécier la redite, Jérémie Moreau sait se réinventer et je salue d'autant plus son renouveau sur ce sujet qui semble faire partie de ses marottes.

La deuxième moitié du livre, moins écrite, déroule davantage l'action et le côté saga historique, ça me parle beaucoup moins, plus froid et éloigné de l'humain.

Le trait sali, les couleurs affadies, la recherche de textures, le dessin de Jérémie Moreau a vraiment évolué depuis ses premières BDs, comme pour coller à son sujet, l'Islande. L'ensemble oscille entre bande dessinée et peinture, c'est très intéressant. Le sujet est inattendu, le traitement efficace.

Cependant :
1. le dessin verse parfois dans une 2D regrettable. Impression de manque de profondeur de champ. Les grands espaces ne me parlent pas du tout, esquissés, imprécis à mon goût (j'ai bien conscience que ça parlera à d'autres, d'autant que j'apprécie volontiers cette patte dans le volcanisme, les nuances de rouge s'y prêtent à merveille).

2. le dessinateur se complaît dans le laid, un peu trop souvent à mon goût, ça manque de lumière et d'espoir pour emporter totalement mon adhésion. L'impalpable cruauté de l'époque, l'implacable poids du destin, ankylose la réception que je fais de cette histoire, simple et naïve. J'ai bien conscience que ces choses sont propres au genre de la saga, que le travail de l'auteur est remarquable en ce sens, mais l'exercice de style ne suffit pas à pleinement m'épanouir dans cette lecture.

La fresque est colossale, l'ambition palpable, mais je reste cette fois-ci sur ma faim. J'ai mis du temps à en comprendre la raison simple : le personnage principal ne m'est pas sympathique. Rustre et violent, naïf et lisse dans ses choix, rien ne m'attire chez lui, contrairement à certains personnages annexes (pygmalion, poète, femme et chien). Difficile alors de me convertir à sa cause !

Jérémie Moreau demeure cependant un talent certain, à suivre, comme toujours. Et son prix du meilleur album (Fauve d'Or) à Angoulême 2018 témoigne d'une belle exposition à venir, de quoi rassurer l'artiste et le mettre dans les meilleures conditions pour l'album suivant. J'en redemande.
Commenter  J’apprécie          10



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}