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Critique de TheWind


Chez moi, il y a un calendrier perpétuel intitulé « Sagesses du Monde » avec des photographies accompagnées de maximes, de proverbes, de citations d'auteurs. Alors qu'elle ne savait pas encore lire, ma plus jeune fille s'amusait à imaginer la phrase du jour. C'était rigolo.
On se souvient surtout de celle-ci. La photographie représentait un marcheur avec un sac à dos suivi de trois ânes bien chargés. Ma fille a fait semblant de lire et a dit : « Marcher, c'est la vérité. »
J'ai beaucoup pensé à cette phrase en lisant « Le vestibule des causes perdues ». N'est-ce pas la vérité que chaque pèlerin cherche en cheminant jusqu'à Saint-Jacques de Compostelle ? Sa vérité ?
La phrase qui accompagnait réellement cette photo correspond tout aussi bien à certains personnages de ce roman. Il s'agit d'une citation de Maurice Magre : « Quand on porte un chagrin, il faut le porter loin pour le laisser un peu s'égrener sur la route. »


Pour Babel, une hospitalera, le chemin de Saint-Jacques c'est « le vestibules des causes perdues ». Elle explique à Mara :
« Bah oui. Je n'ai pas trouvé mieux. Comme au vestibule, on y vient régler les problèmes. Sauf que ce ne sont pas des problèmes qu'on trimballe. Ce sont des causes perdues. »
Elle avait raison, Babel, se disait Mara. Et elle pensait à Clotilde, cette dame bourgeoise bien fatiguée, à Arpad le hongrois qui garde accrochée à son sac à dos une délicate chaussure de bébé, à Sept Lieues qui n'a pas l'air de savoir ce qu'il fait sur ce chemin mais qui trace à une allure incroyable malgré des godasses en fin de vie, au Breton taciturne qui s'isole chaque soir dans la lecture de son cahier bleu, à Robert le retraité, à Henrique le joueur de guitare brésilien, à Bruce professeur d'université qui a soudainement plaqué sa vie parisienne pour devenir peregrino.
Elle pensait aussi à elle, Mara. Petite brunette à l'aspect fragile, un peu paumée, un peu naufragée et qui ne demande qu'à trouver un port d'attache.


Chacun d'entre eux porte en effet son chagrin mais au fil de leur pérégrination, au fil de rencontres plus ou moins improbables, et de leur amitié naissante, leur fardeau deviendra moins lourd à porter.
« Le vestibule des causes perdues » n'a rien à voir avec un roman de spiritualité. C'est un roman qui redonne sa place à la sensibilité et à la générosité, qui redonne sa place aux relations humaines, qui redonne sa place à l' « Essentiel », avec simplicité, candeur et bonne humeur.


J'ai parfois trouvé ce roman un peu long et répétitif. Mais n'est-ce pas aussi ce qui attend tout randonneur ? Un long chemin qui use les pieds, les jambes, parfois semé d'embûches mais qui amène, sans nul doute, quiétude et émerveillement.
Pour finir, je terminerai avec ce proverbe tibétain (qui fait partie de mon calendrier, oui, oui, c'est ça, je vois que vous suivez bien) qui résume bien la fin de ce roman et que je vous laisse méditer.


« Quand tu arrives en haut de la montagne, continue de grimper. »
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