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Critique de fabtroc


Quelle écriture ! Vertigineux. Flamboyant. La prose de Marcel Moreau est d'une densité exceptionnelle , d'une telle force, d'une telle sauvagerie qu'avec lui ses livres sont vivants, sonores, tactiles. Ce qu'on retient tout d'abord de lui c'est le style. Voici un ouvrage qui arrive à ne tenir que là-dessus. C'est un possédé de la langue française, des mots ; d'ailleurs le sous-titre, lui, rend mieux compte de la force, de la vitalité qu'il donne aux mots : la danse des mots comme l'élan vital à sa source.



Véritable libertaire, il garde l'énergie de l'homme libre qui secoue tout les chaînes du faux-semblant. Comme Nietzche, un auteur qu'il, affectionne il ne dénonce pas seulement les fausses valeurs ni ne se laisse piéger par la bonne conscience. A ce sujet il a écrit de remarquables pages sur ceux qui postulent que la violence n'a que des causes strictement sociales : misère, chômage , discrimination.
Je m'insurge contre un tel discours, qui revient à dire : le germe de la délinquance est dans la pauvreté, mais que la pauvreté se rassure, nous sommes là , nous les spécialistes du malheur des hommes, pour témoigner que quoi qu'elle fasse elle ne pouvait faire autrement. « Tu es pauvre, ou enfant de pauvre, dons nécessairement ce que tu fais est irréprochable. »Pour ma part, je crois que c'est une insulte à la pauvreté de penser que chaque fois qu'il y a délinquance, cette délinquance ne s'explique que par elle. (...) le postulat selon lequel la délinquance est un pur produit de l'injustice sociale n'est qu'un maillon dans la chaîne postulative des discours de mort. Sur la drogue : Lorsqu'un problème crucial de notre temps, comme la drogue, est traité par ceux que j'appelle les penseurs dévitalisants, on ne doit pas s'attendre à ce que ces penseurs corsent leur discours apparemment humaniste et compassionnel d'une exhortation à la révolte.

C'est sans doute l'un des plus grands écrivains de langue française mais je le considère aussi comme l'un des plus grands penseurs de notre époque et pourtant les médias ne s'intéressent guère à lui malgré ses 53 livres.

Mes livres sont trop profonds, ce qui les justifie de n'être pas rentables. Ils sont trop conscients du caractère liberticide de toute espèce de laxisme, serait-ce un « humanisme », pour se changer en part de marché. Il développe une pensée libre et s'élève contre la pensée molle, la pensée aseptisée, la pensée quadrillée et les liberticides de tous bords.
Il évoque toutes ces fascinations poisseuses : anti-américanisme, idéologies totalitaires, terrorismes, etc. Hélas nous ne sommes pas encore délivrés de la pesanteur des doctrines, des slogans, des bourrages de crâne qui caractérisent les abominations du XX°siècle.

Dans ce livre il parle beaucoup de lui, de la littérature ou plutôt des mots, du langage, de la puissance du langage, de l'écriture, de son métier de correcteur qu'il a exercé pendant quatre décennies, de l'amour, de la vie, de sa vie c'est pourquoi je pense que ce livre est le plus « vrai » des livres que j'écrivis jusqu'ici . Inféodé à rien, ni à personne, ni à aucun camp politique même s' il est toujours de mode de se proclamer plus « progressiste » que son voisin, cela fait bien dans le paysage médiatique , la liberté de son esprit lui permet de reconnaître le bien, le vrai là où ils se trouvent et non là où l'on voudrait qu'ils soient forcément.
Il est à remarquer combien chaque fois qu'un homme fait parler de lui, soit par le tapage auquel se prête sa médiatisation, il se trouve quelque obsédés du contrôle d'identité pour s'enquérir de la couleur de son vote.

Pour lui la meilleure façon de faire de la politique, c'est de pratiquer une politique de l'être.

Ce livre est un grand livre, un des plus puissants que j'ai lu ces dernières années et que je ne peux que vous recommander. J'ai eu la chance de faire ce type de rencontre que j'appelle si souvent et si peu souvent répond.
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