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Critique de Franz


Les liaisons dangereuses.
La mobilisation générale décrétée le 1er août 1914 cueille les hommes dans leur routine, à l'aube des fenaisons. Sur une île bretonne morbihannaise, dans l'été éclatant et mordoré, Maël Gréhat, jeune homme handicapé par un pied-bot mais nanti d'une bicyclette, se voit proposer la distribution du courrier. Ostracisé pour son infirmité en temps ordinaire, Maël, face à la désertion de tous les mâles valides devient, en temps de guerre, un homme convoité par nombre de femmes esseulées. Pour atteindre les esprits et la félicité, ouvrir les coeurs et les corps, Maël met en branle une vaste entreprise de manipulation.
Ce récit naturaliste brasse les frustrations, le sexe et la mort et joue habilement en contrepoint à la boucherie des tranchées, entre « se battre et s'ébattre ». La manipulation est aussi à double-tranchant, la recherche du plaisir et de l'estime de soi entraînant une addiction et une boulimie néfastes avec un point de non-retour vite franchi. Une des forces du récit consiste à entraîner le lecteur dans une douce et légère grivoiserie, cautionnant implicitement la démarche revancharde d'un laissé-pour-compte de la société jusqu'à ce que l'histoire prenne une autre tournure, instillant le malaise. La paix revenue avec son cortège de morts, de gueules cassées, d'esprits anéantis et le carcan social impose à nouveau le masque de l'hypocrisie sociale. le graphisme et les couleurs éclatantes de Sébastien Morice sont entraînants et incitent à découvrir l'éclosion sensuelle des femmes dans une nature radieuse, l'éveil d'une sexualité décomplexée et l'avènement du bonheur charnel comme un vernis à toute l'abomination humaine.
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