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Critique de malaurie


Jean-Marc Moriceau est l'historien spécialisé dans les rapports Homme/Loup en France, le plus prolifique et certainement le plus compétent.
Sa biographie est impressionnante et recèle de nombreux ouvrages intéressants. Il semble avoir tendance à attirer l'attention sur la dangerosité de l'animal et les titres de certains de ces ouvrages sont significatifs (Histoire du méchant loup, 3000 attaques sur l'homme).
Historien du monde rural et de la paysannerie, il s'est naturellement tourné vers l'étude des relations Hommes/Loups, relations conflictuelles de deux prédateurs en concurrence sur un même espace.
Il est vrai que les rapports entre ces deux animaux ont revêtu un caractère particulièrement violent en France. Ce sont les archives qui l'attestent et Jean-Marc Moriceau s'en sert pour dresser le portrait de cette relation tumultueuse qui a été fatale au loup.
Pour comprendre sa disparition un faisceau d'actions passant de l'organisation de battues à la mise en place de primes, et enfin à la création de la louveterie sont à prendre en compte sur un temps long ou les progrès notamment de la chasse et des armes permettront petit à petit aux hommes à venir à bout de leur ennemi public numéro un.

Une enquête passionnante en 15 chapitres, écrite dans une langue simple et dynamique font de ce livre un travail historique essentiel pour comprendre la place du loup dans l'imaginaire et l'inconscient collectif français.
Si aujourd'hui, il est tant craint et haï des éleveurs et des bergers, c'est que son retour réactive de façon violente et impérieuse les dangers qu'il a toujours fait peser sur les animaux domestiques et parfois les hommes. le problème c'est que notre société, en ayant sanctuarisé le loup dans un statut d'animal protégé par des lois, n'a pas redonné aux bergers et aux éleveurs les moyens de s'en prémunir efficacement. Ceux-ci se trouvent donc dans l'impossibilité de se défendre contre un agresseur impitoyable. Les mesures de protection ne sont pas des mesures de défense mais d'évitement, et un animal aussi intelligent et rusé que le loup aura toujours un temps d'avance sur le berger. Faut-il pour autant renouveler les erreurs qui ont déjà conduit à sa disparition ? La politique gouvernementale ne semble pas suffisamment claire sur ce point : les décisions prises sont trop imprécises et surtout le discours reste flou.
C'est donc à un nouveau contrat social que Jean-Marc Moriceau nous invite, dans sa conclusion. Les différents protagonistes de ce nouveau combat : anti loups et pro loups doivent, au-delà des passions trouver un terrain d'entente qui permettent au loup de vivre (sans craindre de disparaître à nouveau du territoire français) et surtout aux éleveurs et aux bergers d'avoir les moyens d'exercer leur métier.
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