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Critique de CaroGalmard


D'aucuns diront que c'est un énième livre sur le sujet des camps.
D'aucuns diront qu'il ne faut pas oublier.
D'aucuns diront que c'est un livre à lire. Je suis de ceux-là.
Parce que le témoignage direct d'un survivant, recueilli avec justesse et respect, sans pathos, sans larmoyant, c'est juste humain. C'est juste, inestimable.
J'ai visité Auschwitz il y a quelques années : des grandes baraques en briques (celles en bois avaient été détruites), alignées comme un jeu de Lego bien organisé, sous un ciel bleu pur. De l'herbe, du silence, une odeur de printemps, et nos petites vies de simples visiteurs si confortables, l'estomac plein et le corps au chaud dans nos vêtements propres, les cheveux brossés flottant dans la brise.
Alors difficile de se représenter l'horreur, le froid, l'odeur de la souffrance, de la mort, de la solitude, de l'humain rendu inhumain par des bourreaux fous. Difficile d'imaginer la neige, les cendres qui masquent le soleil s'échappant des grandes cheminées. Difficile d'entendre les pleurs des enfants, les ordres hurlés, les coups de feux, les trains qui amènent les nouveaux.
Alors pour qu'on réalise, ils ont exposé de grands tas que l'on peut voir derrière des baies vitrées, comme dans un musée : des montagnes de valises de ceux qui sont arrivés mais ne sont jamais repartis. Des montagnes de lunettes, des mèches de cheveux, des dents, des pots vides ayant contenu Zyclon B. C'est épouvantablement macabre, criant de souffrance. Cela m'a plongée dans une profonde perplexité : n'est-ce pas du voyeurisme ? Si des parents étaient morts à Auschwitz, aurais-je envie que le moment le plus horrible de leur existence soit exposé à la vue de tous ? N'y a-t-il pas "mieux" pour ne pas oublier ?
Des années après, je n'ai toujours pas la réponse à cette épineuse question. Je crois qu'il n'y en a pas d'unique.
Et ce livre est une des réponses pour ne pas oublier la cruauté des bourreaux, la volonté de ceux qui tentaient de survivre et l'humanité des justes.
On y voit aussi l'après camp. Cette période nébuleuse où les peuples erraient dans une Europe effondrée. Car les survivants après Auschwitz n'ont pas été pris en charge tous, ni tout de suite. Manque d'organisation, mais aussi manque d'information. Les détails de ces horreurs n'avaient pas encore fuité partout. La cruauté des nazis à parfois laissé place à des soviétiques pas très recommandables.

On s'y interroge aussi sur la frontière parfois ténue entre s'arranger avec l'ennemi et collaborer. En toute conscience les personnages de cette histoire ont trouvé le juste milieu : s'arranger avec l'ennemi pour survivre oui, mais pas au détriment des autres prisonniers.

Alors, faut-il le lire ? Oui. Sans fard, sans pathos. Mais avec amour.
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