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Critique de Nanako-Mai


On ne sort pas indemne de cette lecture. On ne peut pas en sortir indemne. Les mots sont hypnotiques, et les émotions qui se révèlent derrière eux sont puissantes.
Ce n'est pas une lecture facile. le récit est souvent embrouillé, on ne comprend pas de suite, ni de manière limpide ce que le narrateur tente de raconter. Il faut se débattre avec les mots, avec les images qu'ils dessinent, les remettre dans l'ordre et assembler les pièces du puzzle qu'est leur vie, que sont leurs souvenirs. Et souvent il m'a fallu revenir en arrière afin de relire un passage qui m'avait alors échappé, sous l'éclairage du paragraphe suivant. Et là, tout s'éclairait.
Ce fût une expérience et une gymnastique de lecture très enrichissante.
Les thèmes abordés sont durs, très durs, sombres, dramatiques : l'esclavage, la mort, les décisions qui font basculer la vie, l'errance, la soumission, l'humiliation, l'amour aussi, sous toutes ses formes.
C'est cruel. C'est la vie. Et ce constat rend le récit d'autant plus cruel.

Peut-on comprendre ? Peut-on juger ? Y-avait-il une meilleure ou une pire façon d'agir ? D'appréhender ses peurs trop ancrées ? Qu'aurions-nous fait ? Qu'aurions-nous pu faire ? Peut-on seulement comprendre ce désespoir qui défie tout ? Cette folle envie de protéger, cet amour maternel irraisonné. Etait-ce pire ou ne l'était-ce pas, qui peut en juger, qui peut le comprendre ? Sethe se bat contre ses démons, enfouie ses souvenirs au fond de sa mémoire, sous une couche de cendres ardentes qu'une brise peut raviver à tout instant. Elle ne se pardonne pas cet acte d'amour que tous lui reprochent. Quelque fût son choix, au fond, y en avait il un bon, un meilleur ?

Ce récit est âpre, doux-amer parfois. Il a une atmosphère particulière, celles des souvenirs fanés et du malheur, de la souffrance encore trop présente, trop vive avec laquelle nos narrateurs doivent composer pour avancer toujours. C'est un voyage onirique, pesant du souvenir des fantômes, de ceux que l'on a cru oublier, de ceux que l'on n'oubliera jamais, de toutes ces voix qui s'élèvent et raisonnent encore, de fantômes sans visage souvent et de fantômes bien vivants parfois. de ce bébé, ce tout petit bébé innocent, qui a payé de sa vie le prix de la liberté. de cette mère qui a tué son enfant afin de lui éviter la vie qu'elle avait elle-même fuie en en payant le prix.

Je ne suis pas certaine d'avoir saisi tous les passages, compris à leur juste valeur toutes les images ; cet ouvrage fait parti de ceux qui méritent certainement une seconde lecture quelques années plus tard. C'est par ailleurs mon premier de l'auteure et mon premier Prix Nobel, et je ne suis pas déçue. Une fois en main, il m'a été dur de le délaisser et il me sera compliqué d'enchaîner sur une nouvelle lecture…
Beloved, Sethe, Denver, Baby Suggs, Paul D, Halle et tous les autres continueront longtemps à errer dans mes souvenirs…

Challenge ABC 2020-2021
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