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Critique de LesMotsPourRever


Originaire d'un monde parallèle où les valeurs morales sont inversées, Alexander Luthor s'écrase sur Terre dans un champ de maïs et vient demander l'aide de la Justice League dans son combat contre le Syndicat du Crime qui ne cesse de mettre à mal ce monde qui lui est si cher. Bien que certains soient réticents, Superman, Wonder Woman, Batman, Flash et Green Lantern finissent par accepter de l'aider et se rendent sur cette autre Terre. Parallèlement, une donnée inconnue envoie les membres du Syndicat du crime sur Terre où ils tenteront de répandre le mal.

J'ai toujours eu un faible pour les histoires de Grant Morrison (du moins celles concernant Batman) donc quitte à se lancer dans une aventure de la Justice League, pourquoi ne pas commencer avec lui ? Je suis tellement habituée à ses scénarios complexes et alambiqués que celui de L'autre Terre me parait presque trop simple. Pas d'intrigue à tiroirs, pas de réelle action, pratiquement pas d'interactions entre ce Syndicat du Crime et la Justice League. L'idée de base était pourtant sympa, même si elle est loin d'être nouvelle (je tiens d'ailleurs à préciser que ce Syndicat du Crime n'est absolument pas l'invention de Grant Morrison). Mais que dire de cette fin ? Que dire de cette résolution du « problème » ? Un claquement de doigts et tout rentre dans l'ordre.

Le gros point positif de cette histoire, c'est la transformation des personnalités de nos héros. Ultraman (double de Superman) est un ancien astronaute parano et violent accidentellement dopé à la kryptonite ; SuperWoman (double de Wonder Woman) baigne dans la perversité et l'immoralité ; Owlman (double de Batman) est un génie du crime particulièrement manipulateur ; Johnny Quick (double de Flash) garde les mêmes capacités que son double mais les doit à une drogue dont il ne peut plus se passer ; Power Ring est un looser et un trouillard doté d'un anneau renfermant les pouvoirs d'un moine tibétain. le ton est donné, il n'y en a pas un pour racheter l'autre. Je dois dire que ma première rencontre avec chacun d'entre eux fut surprenante. Entre Ultraman qui désintègre l'un des habitants de son monde parce qu'il a osé critiquer le Syndicat du Crime et SuperWoman (campé ici par Loïs Lane) qui trompe Ultraman avec Owlman, il y a de quoi vous chambouler sérieusement. Je ne vous cacherai pas que j'ai eu un peu de mal avec la distribution des rôles qu'a fait Morrison sur cette autre Terre, sans doute trop habituée à Bruce Wayne, Clark Kent et compagnie. Je n'ai pas pu m'empêcher de tiquer un peu quand j'ai compris que Loïs Lane était SuperWoman ou que Owlman était Thomas Wayne Junior, le frère aîné de Bruce Wayne. Que voulez-vous, j'aime mes bases et j'ai un peu de mal quand on les bouscule. Et puis pourquoi vouloir changer l'identité secrète de ces Super-héros devenus des Super-vilains ? Si l'autre Terre est l'inverse de notre Terre, les identités de chacun auraient dû rester les mêmes, si on veut garder une certaine logique. Qu'on me dise que sur cette autre Terre Martha et Thomas Wayne ont eu un autre fils, je veux bien. Mais pourquoi faire de Loïs SuperWoman à la place de Diana Prince ?

Mais revenons à l'histoire. Nos Super-héros tentent de faire le bien sur cette autre Terre mais si tout y est inversé, faire le bien ne revient-il pas à faire le mal ? Après tout même la politique locale semble réticente à ces changements positifs et se retrouve désemparée lorsque Superman refuse un pot de vin ou lorsque Wonder Woman et Flash viennent en aide aux plus démunis. Peut-on réellement forcer les gens à changer ? Cette Terre veut-elle seulement être sauvée ? Alexander Luthor se bat pour le bien mais rares sont ceux qui pensent comme lui. Morrison nous offre ici plusieurs pistes de réflexions très intéressantes mais son scénario manque malheureusement de profondeur. Certes il y a bien un dernier retournement de situation mais je n'aime pas cette idée de fatalité ni la rapidité avec laquelle se clôt l'action. Il me manque un véritable affrontement entre les Super-héros et les Super-vilains. Ici, chacun est mis en défaite non pas par un adversaire mais par la nature-même de ces deux mondes miroirs. Sans oublier que j'aurais aimé en apprendre plus sur ce Syndicat du Crime. Ses membres ne sont que survolés, ils manquent de caractérisation. Seul Owlman est un peu plus approfondis que les autres et m'a véritablement intéressée.

Côté graphisme, si j'adore les décors bourrés de petits détails et les costumes dessinés par Quitely, je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il a un sérieux problème avec les personnages (que dire de sa Wonder Woman ? Elle ferait presque peur à voir !). Les visages ont tous la même mâchoire carrée, les expressions sont mal représentées, et il n'est pas rare que les jambes nues des personnages féminins soient bien trop longues pour être réalistes. Même son style n'est pas tout à fait égal, certaines cases me font vraiment penser aux comics des années 90. C'est vraiment dommage parce que ses scènes de chaos sont absolument géniales.

Quelques bonnes trouvailles donc dans L'autre Terre, des pistes de réflexions intéressantes, mais il m'a définitivement manqué quelque chose dans cette histoire. J'ai eu le sentiment que tout cela n'était que survolé, qu'il aurait fallu un peu plus de pages et surtout de profondeur quant aux thématiques abordées.
Lien : http://lesmotspourrever.com/..
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