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Critique de MPM


Quel livre étonnant !

Jo dite « la bogue » (Madame Picassiette à l'état civil) est la mère comblée d'un petit Charly, son fils unique, bon élève, gentil garçon serviable et docile. Mais voilà que ce dernier, qu'elle n'a pas vu grandir, est désormais un beau garçon de 19 ans qui se pique d'écrire un roman. Plus question d'épauler sa mère à la ferme et d'aider le voisinage : Charly Picassiette consacre tout son temps à l'écriture.

Quand il s'avère que le roman en question est autobiographique et dévoile bien des petits secrets des habitants de Chandoiseau, tout le village est en émoi mais surtout Jo qui n'a pas peut-être pas été une mère parfaite. Jo craint surtout que la vocation littéraire de son fils et que le succès présumé de son roman, sur le point d'être publié, n'éloignent d'elle son fils adoré qu'elle a toujours élevé seule à sa manière. Et quelle manière !

Ce roman commence un peu comme une farce, un pur divertissement écrit avec un humour acide. Les scènes cocasses ne manquent pas du fait des personnages hauts en couleur au premier rang desquels l'incroyable Jo Picassiette, veuve solitaire misanthrope et revêche, parlant aux poules et aux arbres, mère aimante mais abusive. C'est elle la véritable héroïne de ce livre d'autant que son fils la quitte pour rejoindre la capitale vers un succès littéraire annoncé puis déserte la ferme familiale où la pauvre Jo se retrouve esseulée et dépitée, en colère aussi. Les autres habitants de Chandoiseau ne manquent pas de piquant non plus et les échanges entre eux, échanges de vacheries le plus souvent, sont vraiment très drôles. Un des charmes du livre réside dans cette extraordinaire galerie de portraits tous réussis : Jo bien sûr mais aussi la bibliothécaire Sophie, la voisine Suzanne, le ferrailleur Ari…

Mais ce roman, tout en restant constamment drôle, aborde, l'air de rien, des thèmes variés avec beaucoup de finesse. Il est d'abord question de l'investissement affectif des mères, de leur douleur insondable quand l'enfant quitte le nid. Ce livre est aussi une fable écologique car Jo la « bogue » est une ardente défenseuse de la nature, prête à tout pour lutter contre l'enlaidissement du monde rural du fait de l'implantation d'hypermarchés, de parkings, de ronds-points. Ce livre évoque aussi avec brio le rôle consolateur de la littérature (grâce au personnage attachant et surprenant de la bibliothécaire Sophie) et, de façon plus anecdotique, le petit monde parisien de l'édition et des prix littéraires ainsi que le narcissisme des auteurs.

J'ai emprunté ce livre par hasard au vu de sa jolie couverture et j'ai fait une bien belle découverte. Car ce roman ne manque pas de qualités.

D'abord, il dresse un extraordinaire portrait de femme blessée, capable du pire mais aussi du meilleur, vaillante et « incorruptible ».

Ensuite, l'histoire est drôle, les dialogues pétillants, le style littéraire soutenu mais alerte.

C'est donc un roman très original, d'une rare inventivité, à la fois amusant et grave, chaleureux, plein de belles trouvailles littéraires. Il m'a beaucoup plu et même impressionnée !
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