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Critique de Apoapo


Cet essai traite des approximations de perception et de jugement, des biais cognitifs, des illusions et des croyances que nos mécanismes cérébraux mettent en oeuvre, principalement dans le but de construire, rapidement et au moindre effort, une vision cohérente d'un monde intrinsèquement complexe. Par conséquent, sa thèse fondamentale consiste à réfuter l'approche binaire « juste-erroné » en faveur d'une compréhension méta-cognitive des raisons et des modalités qui poussent vers l'élaboration de la pensée approximative, qui possède sa raison d'être et son utilité d'un point de vue évolutionniste.
La première partie, « Comment perçoit-on le monde ? », se compose d'un ch. consacré aux illusions d'optique et autres problèmes relatifs à l'ambiguïté du réel, d'un ch. sur la cohérence notamment par rapport au souvenir et enfin d'un ch. sur l'approximation, qui dépasse l'ancienne opposition entre l'intuition et la réflexion.
La seconde partie, « Mon cerveau, les autres cerveaux et le monde », s'ouvre sur un exposé d'un très grand intérêt sur l'explication phylogénétique du stress, chez les mammifères en général et chez l'être humain en particulier, et de sa très récente inadéquation à un mode de vie où la menace est devenue psychologique et sociale au lieu de provenir des prédateurs ; ainsi, le stress s'est-il souvent transformé en anxiété délétère. Suivent des chapitres qui constituent une sorte de catalogue des biais cognitifs, catalogue hélas beaucoup plus souvent fondé sur des recherches en psychologie expérimentale qu'en neurophysiologie ou neuropathologie, comme je l'espérais. Biais de confirmation des illusions, biais liés à la dissonance cognitive avec ou sans manipulation intentionnelle par autrui, biais liés à un surestimation ou sous-estimation du locus de contrôle interne – ici j'ai été surtout intéressé par la notion « d'impuissance acquise » (« learned helplessness ») qui a des implications sur le fléau des violences domestiques –, biais dus à l'illusion de connaissance – le fameux diagramme de Dunning-Kruger –, et enfin les biais dus à l'influence du contexte social – utilisation des « nudges » et les expériences très connues depuis celle, célébrissime et aujourd'hui contestée de Stanley Milgram sur les cobayes infligeant des chocs électriques à des inconnus dans un cadre de pseudo-obligation.
Le dernier ch. de cette partie, « La boîte à outils pour plus de flexibilité mentale » se pose en antithèse du catalogue précédent, en prônant des antidotes de nature méta-cognitive contre nos automatismes de pensée : une importance prioritaire est accordée aux outils critiques à opposer aux infox, c-à-d. aux informations fallacieuses – il s'agit là d'un ch. d'une désarmante banalité. de même la conclusion, « Retrouver un socle commun de réalité », prône, de manière tout à fait attendue, le nécessaire retour à un réel qui s'oppose au « bullshit » et autres « réalités alternatives » qui caractérisent la « narrative » de la dernière décennie.

L'impression générale que je retire de cette lecture, surtout de la seconde partie, est celle d'une trop vaste vulgarisation, jusqu'au-delà du seuil de la banalisation ou de l'excessive légèreté, qui contraste avec certains articles scientifiques et même quelques vidéos produits par un auteur que j'avais beaucoup apprécié.
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