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Critique de genieblanc


J'ai reçu ce livre dans le cadre de l'opération Masse critique.
(J'avais sélectionné une cinquantaines de titres à toute vitesse pour être sûre d'en recevoir un, et je n'aurais jamais coché celui-ci si j'en avais lu attentivement le résumé).
Car je suis parfaitement d'accord avec la critique de Fredcandian, il s'agit d'un livre prosélyte. (Je me permets d'ailleurs ici de poser la question du choix des ouvrages de l'opération ?) Mais comme je me suis engagée à lire et à critiquer ce livre je le fais, avec mon seul bon sens, car je ne connais pas grand chose à l'argumentation religieuse.
Dans la première partie du livre, Sandrine (Française convertie à l'Islam depuis 10 ans) raconte comment elle a été verbalisée par un gendarme pour port du voile intégral au volant. Lorsqu'elle décide de contester l'amende de 22 € (sur le plan du droit en effet on ne pouvait pas la verbaliser sur ce motif, puisque les faits sont antérieurs à la loi du 12 mai 2010 interdisant le port du voile intégral dans les lieux publics), c'en est fini de la vie tranquille et anonyme qu'elle semble souhaiter. Dès la page 15 je me suis sentie mal à l'aise, car elle nous délivre sa vérité, il faut la croire sur parole, sans preuve à l'appui. Elle dit avoir été en butte à un déchainement médiatique et à des arrestations et détentions arbitraires et humiliantes. On s'en est pris à son compagnon, musulman biensûr. Comme sa polygamie n'était pas attaquable sur le plan légal (un seul mariage civil), la police a fouillé dans sa vie professionnelle pour trouver quelque irrégularité qui justifierait une détention. Elle en a trouvé une petite (2 mois d'allocations touchées à l'étranger de manière indûe. Sandrine plaide l'ignorance). de telles mésaventures sont éventuellement plausibles, mais à aucun moment elle n'en apporte de preuve. Elle pourrait également dissimuler des éléments qui ne vont pas dans le sens de ses propos.
Dans une deuxième partie, elle parle de son enfance, de sa conversion, de sa vie d'épouse, dans le but de "changer votre regard" (citation de la quatrième de couverture). Non, dit elle, elle n'a pas rejeté ses parents ni son éducation vaguement catholique, sa conversion à la pratique musulmane la plus rigoriste est un choix personnel, son mari polygame n'a rien d'un obscurantiste fanatique et violent. Encore une fois il faut la croire sur parole, comme elle croit sur parole les interprétations du Coran qu'on lui enseigne.
Ses choix s'effectuent toujours de la même manière : elle prend connaissance d'un précepte (par exemple le port du voile intégral). Elle s'adresse à des religieux qui l'aident à trouver les "justifications" de cette pratique dans le Coran, puis l'adopte sans la moindre critique (par exemple elle ne se pose pas la question de savoir si le port du voile intégral édicté au VIIème siècle peut encore s'appliquer au XXIème siècle).
Le plus choquant est la question de la polygamie : elle devient amie avec une autre européenne convertie du même âge (21 ans), qui lui propose au bout d'un certain temps de devenir la seconde épouse de son mari, que Sandrine n'a jamais vu. Elle réfléchit, puis accepte, justifiant la polygamie par le fait que beaucoup d'hommes non musulmans en France ont une maitresse clandestine, mais que si tout est clair entre l'homme et ses concubines, la chose est acceptable, voire souhaitable pour la stabilité de la famille et le bien de la communauté ! Pour elle tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes dans cette communauté familale élargie, elle n'évoque jamais d'états d'âme personnels, d'individualité. Tout au plus regrette t'elle que ses parents tolèrent ses choix pour continuer à garder le contact avec elle, mais ne les comprennent ni ne les acceptent .
La famille élargie tente de s'installer à Dubaï, petit état ultra-capitaliste des Emirats. C'est pour elle le lieu de vie idéal, car il y a des hôpitaux modernes, des écoles coraniques, une communauté musulmane soudée (et tout de même la tolérance vis-à vis des autres religions). Cela lui suffit. Mais leur mari n'y trouve pas de travail, car les emplois réservés aux occidentaux ou assimilés sont ultra qualifiés, et lui est simple commerçant de détail (il vend des produits orientaux et des livres religieux). A aucun moment elle ne remet en question les inégalités sociales et raciales à Dubaï, et ne se demande si cet état de fait est conforme à l'islam.
Bref, elle n'a pas du tout changé mon regard sur les musulmans intégristes, au contraire.
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