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Critique de Ogrimoire


C'est avec un certain enthousiasme, en tout cas avec un a priori très favorable, que j'ai commencé cette lecture. Les pirates informatiques, les fermes à trolls, la façon dont les réseaux sociaux peuvent être instrumentalisés au profit de causes plus ou moins valables, voilà un sujet tout à fait riche !

Mais autant le dire tout de suite – et je m'en excuse d'avance auprès de l'auteur -, à aucun moment je n'ai accroché à cette histoire. Peut-être, tout simplement, n'était-ce pas le bon livre au bon moment. En tout cas, j'ai mis plus de 100 pages à avoir le sentiment d'être un peu « dedans », impression extrêmement fugace puisque, à peine 70 pages plus tard, j'étais à nouveau sur le bord du chemin.

Au démarrage du livre, on suit – c'est assez classique – trois fils. Un premier fil, qui aurait pu être intrigant, met en scène un groupe d'enfants qui vivent près d'un ancien bâtiment semi-abandonné de Berlin, dans un quartier qui faisait partie de Berlin-Est. Ils rêvent de pénétrer dans cet ancien paquebot de la RDA. Mais, en réalité, on ne va suivre cette partie de l'histoire que de loin en loin, sans approcher suffisamment les deux principaux protagonistes – Tom et Lina – pour réellement s'intéresser à eux. La seule chose qui en ressorte, c'est que Lina est plus mûre que ses camarades, et que Tom s'intéresse au bâtiment en question essentiellement parce que Lina s'y intéresse.

Le deuxième fil, c'est celui de Paula Bokova, personnalité politique slovaque d'extrême-droite, sur le point de prendre la tête du mouvement. Elle est approchée par des individus qui lui proposent de la soutenir, de l'aider, y compris en terme d'idéologie politique, et lui font rencontrer l'idéologue italien dont l'une des théories figurent dans la citation reprise en haut de cette chronique : attendre qu'un immigré commette un crime étant un peu aléatoire, il vaut mieux « écrire l'histoire avant qu'elle ne se fasse ». Cette partie de l'histoire, on aimerait qu'elle soit plus creusée, quitte à aller remuer la boue de ces idéologies, les sources ne manquent probablement pas. Comment Paula Bokova le vit-elle ? Comment en est-elle arrivée à porter les idées nauséabondes de l'extrême-droite : par conviction ? Par cynisme ? Par colère, à la suite d'événements violents ? Rien, silence radio, ces personnages sont survolés.

Le troisième fil, enfin, c'est celui qui nous fait suivre les hauts et les bas de cette équipe d'enquêteurs d'Europol, avec ce commandant, Deniz Salvère. Qui est incroyablement agaçant : c'est ce que pense sa hiérarchie, qu'il contourne allègrement dès qu'il en a l'occasion, c'est ce que pense son équipe, qui subit sa mauvaise humeur, c'est ce que pense son amie, qui le quitte – ce qui, vous l'aurez deviné, n'améliore pas son humeur -. Et il finit même par agacer ses lecteurs – en tout cas, c'est l'effet que cela m'a fait. Ses deux adjointes, qu'il a réussi à faire nommer commandantes, finissent même par douter de lui. Et c'est surtout ce fil que l'on suit, en réalité, mais dans lequel on découvre surtout comment on peut essayer de se dézinguer entre soi, chez Europol… ce n'est pas ce que j'attendais !

Et, cerise sur le gâteau, icing on the cake, comme dirait nos amis anglais, le livre se conclut comme il a commencé : le fin mot de l'histoire nous est déballé à la va-vite, en 10 pages, alors que Deniz Salvère met devant le fait accompli son chef et pourtant ami, mais qu'il a consciencieusement tenu en dehors du coup, et qui en conçoit un assez vif agacement. Et nous aussi, lecteurs, il ne nous a été donné aucun indice, et nous voilà, nous aussi, devant le fait accompli. Vif agacement pour nous également ! On découvre que le rôle des enfants est en réalité négligeable. Finalement, on n'a rien appris sur la façon dont l'extrême-droite – et éventuellement tous les autres partis – tente de manipuler les opinions. Et, là, on se dit : and so what ?

Bref, qu'il s'agisse d'un passage à côté, que j'ai lu ce livre à un mauvais moment, je ne peux évidemment pas le conseiller, en toute bonne foi. Mais peut-être d'autres lecteurs, en ayant fait une autre lecture que moi, auront-ils envie de proposer des points de vue plus favorables ? N'hésitez pas !
Lien : https://ogrimoire.com/2023/0..
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