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Critique de Maroussia_Ivanovna


« The sound of silence »

Ceux qui suivent l'actualité mondiale, n'ont pas pu échapper à la surprenante élection, le 13 mars 2013, du cardinal Bergoglio à la papauté. Ils ont vu ces images montrées par les journaux télévisés, de l'apparition nocturne du primat argentin vêtu de blanc, au balcon central de la basilique Saint-Pierre, prononçant son discours empreint de simplicité, de modestie et de bonté.

En tant qu'envoyé spécial permanent De La Croix à Rome, le journaliste Frédéric Mounier a assisté de près à cet événement. Huit ans après il nous propose le pape qui voulait changer l'Église, pavé dans lequel il expose par le menu, ses observations, ses analyses et aussi quelques anecdotes liés à ce pontificat.

Le choix du pape François, nous dit-il, n'a pas surpris que le public (catholique ou pas), mais aussi les instances même du Vatican et, sans doute, le pape François lui-même qui a ouvert son discours en disant qu'on était allé chercher bien loin le nouvel évêque de Rome. Il est facile de deviner que s'il a été choisi, c'est pour la singularité du comportement de l'archevêque de Buenos Aires qu'il était jusque-là. D'une part, issu d'un quartier pauvre, il fuyait les honneurs et était attentif tant aux besoins de ses subordonnés qu'à ceux des plus déshérités de ses diocésains et bousculait pour ce faire les pratiques habituelles des prélats. Jésuite, d'autre part, il en avait la grande instruction, la discipline et la fidélité. Sans que ce fut dit, personne ne doutait qu'il allait s'attaquer à une réforme de l'Église dans le sens de son action passée : rigueur, dévouement, amour du prochain.

Le coeur de l'ouvrage de Frédéric Mounier est précisément de nous présenter minutieusement la conjoncture vaticane de 2013 et les travaux herculéens qui attendent à ce moment-là le pape François. Par exemple, ce qui devrait être son conseil des ministres - la Curie romaine - représente au contraire un front dur conservateur qui freine des quatre fers les réformes. Il faut dire que le « gouvernement » du Vatican est une machine énorme et complexe faites d'assemblées diverses et multiples (dicastères, consistoires, congrégations, bureaux, tribunaux, conseils secrétairerie, commissions…), dont l'auteur nous décortique le fonctionnement et les dysfonctionnements. Non seulement la gestion politique de l'État Vatican pose problème, mais aussi sa gestion financière douteuse, voire scélérate. Et il nous expose enfin la gestion des scandales dont le public est le plus friand : les abus sexuels.

Imprévisible, déconcertant, déstabilisant, paradoxal, François, seul, pas à pas rogne le pouvoir des roues grippées de l'engrenage qui fait fonctionner égoïstement le Vatican, pour le mettre enfin au service des hommes dans ce siècle. En fait, l'auteur nous explique ce que nul ne peut entendre derrière cette confidentialité qu'il nomme « le mur de coton ». Ça décoiffe !
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