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Critique de Pluume_Lectures


Si l'amitié exige réciprocité, comment composer quand on est différent de l'être sur lequel elle est projetée ?
200 pages d'un tête à tête grandiose entre deux hommes arrivés au crépuscule de leurs vies. Deux anciens meilleurs amis, Henri et Conrad, se retrouvent 41 ans après leur dernière entrevue. Tout se joue dans cette ultime confrontation qui cherche à expliquer le départ soudain de Conrad. À justifier ce silence abrupt entre ceux qui ont grandi comme des frères.

Que recèle le mot amitié, que doit-on attendre d'un ami ? Cela lui donne-t-il des devoirs ? Dans un quasi monologue, Henri interroge le poids du mot amitié. Faisant peser dessus ceux d'obligations et responsabilités.

Pendant 41 ans il a eu le loisir de s'atteler à décortiquer ce lien dans la solitude de son existence. Un temps qu'il a passé, tel un fin investigateur, à examiner tout ce que le mot ami convoque. À soupeser ce qu'il exige de l'autre et ce qu'il ne doit pas être. À en établir les règles et délimiter les contours. L'amitié pure est le désintéressement, donner sans rien attendre de l'autre. C'est accepter l'ami tel qu'il est. Reconnaître ses défauts et accepter les conséquences de ses travers.

Il questionne l'intérêt d'une amitié dans laquelle on ne voudrait que le meilleur de l'être aimé, et seulement constance et fiabilité. Mais telle la mer imprévisible, n'est-ce pas les vagues du caractère de l'autre et les tempêtes surmontées qui font le sel de l'amitié. Si l'ami est constant n'est-il pas ennuyeux de n'être pas surprenant ? Pour autant, quand ses réactions nous prennent de court, que cet ami prend la tangente, on peut y voir un acte de trahison. Ressentir colère et incompréhension de ne pas avoir su voir, ne pas avoir eu les clés pour déceler chez cet autre ce qui en lui bouillonnait.

Henri a eu toute sa vie pour cheminer sur les raisons qui ont conduit son presque-frère Conrad, à fuir du jour au lendemain. Lors de leur face à face c'est presque naturellement qu'il fait les questions et les réponses. Car il a passé le reste de sa vie à rejouer chaque minute de la dernière journée passée ensemble. Il a démêlé les fils de la pelote pour arriver à une vue d'ensemble d'une clarté totale. Conrad parle très peu, Henri parle pour deux. Il plonge dans la tête de Conrad et livre les pensées de son ami sans qu'il n'ait besoin de s'exprimer. Un ami c'est ça aussi, c'est celui qui nous connaît, celui qui sait tout, ou qui le temps aidant finit par tout comprendre.

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