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Critique de darkmoon


Nous sommes aux caraïbes, à la fin du XIX siècle. le soleil, au plus fort de la journée brûle tout ce qu'il peut atteindre. Mais Fermina Daza et Florentino Ariza s'en moquent, ils sont jeunes, se découvrent et s'aiment. A cette époque, il y a des convenances à respecter, et la voix du père est crainte. Bravant les interdits, en cachette, ils vivent par échange de lettres leur amour. L'histoire veut que Fermina rejette Florentino et épouse Juvenal Urbino, médecin méritant ayant fait ses études en Europe, issu d'une famille riche. Elle oublie un peu vite que Florentino lui avait dit qu'il l'aimerait pour l'éternité...

Se déroule alors sous nos yeux une fresque magnifique, où chaque personnage de premier ou second ordre est vivant, pétille sous une foule de détails pleins de lumière. Elle vit sa vie de femme mariée avec enfants, petits-enfants et drames du quotidien, sans amour. Lui passe sa vie à l'admirer de loin, à l'aimer en silence, tout en accumulant les maîtresses, en prenant soin de ne pas les aimer pour ne pas la trahir. Plus de 50 ans après, le docteur meurt en tombant d'une échelle... et lui vient simplement renouveler sa déclaration à Fermina. Est-ce que des personnes de plus de 70 ans peuvent s'aimer et retrouver ce qu'ils ont perdu?

L'amour aux temps du choléra est l'histoire d'un amour décliné mais aussi des déclinaisons de l'amour. Qu'un seul mot illustre autant de situations différentes est presque frustrant.
D'abord l'amour passionné, platonique, épistolaire, romancé et idéalisé de deux jeunes gens à la fin du XIX siècle. Puis l'amour raisonnable d'un couple qui grandit, qui se fortifie avec les années communes, quand chacun devient indispensable à l'autre. « Ils étaient comme un seul être divisé en deux...ensemble, ils avaient dépassé les incompréhensions quotidiennes, les haines instantanées, les mesquineries réciproques.... ce fut l'époque où ils s'aimèrent le mieux, sans hâte et sans excès, et tous deux furent plus conscients et plus reconnaissants que jamais de leurs invraisemblables victoires sur l'adversité. »
Il y a aussi les amours dissolus, charnels, sensuels, purement physiques de l'homme seul qui attend son élue. Et puis l'amour qui arrive à une époque de la vie qui n'espère plus, qui est censé ne plus rien attendre, amour considéré comme indécent et qui est, peut-être plus encore, capable de faire des miracles ou de folles actions.

L'amour aux temps du choléra est aussi un roman sur la condition de l'homme, un oeil sans pitié sur les vicissitudes de la vie, qu'elle soit riche ou pauvre. Chacun est vulnérable ; pas de véritable grandeur, même celle du docteur Urbino, homme important dans la société mais qui s'effondre aussi dans le quotidien de la vie.

Garcia Marquez aborde ses personnages dans leur vérité, sans indulgence, sans concession mais sans cruauté et souvent avec humour, où la grandeur et la beauté côtoient la mesquinerie et la faiblesse, où il n'y a pas de héros mais des hommes et femmes pas tout à fait comme les autres soumis cependant aux misères ordinaires qui rejoignent celles de tout le monde. Il les regarde, profondément, sans les juger, avec un luxe de détails qui les rendent particulièrement humains et pourtant parfois pas forcément sympathiques…

Quelle extraordinaire façon d'écrire pour aborder la totalité du sentiment amoureux dans toute son imperfection mais aussi sa force et sa beauté !
Un livre rempli de poésie, d'espoir, d'Histoire où l'on retrouve les senteurs, les couleurs caribéennes dans une langue magnifique.
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