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Critique de Rodin_Marcel


Muchembled - "L'orgasme et l'Occident : une histoire du plaisir du XVIe siècle à nos jours" (Paris : Seuil, 2005).
Dire combien cet ouvrage m'a mis en colère est facile, tant les motifs abondent. Ce n'est pas l'ouvrage d'un historien, puisqu'il commence d'emblée par une vaste exposition d'opinions personnelles : en effet, en l'absence de sources suffisamment nombreuses, l'auteur avoue en être réduit à des supputations. Nous avons donc droit à d'interminables lieux communs sur la vision de la femme et du plaisir dans les classiques de la théologie ou de la morale, ce qui a déjà été écrit maintes et maintes fois.
Par la suite, le lecteur sent (enfin !) affleurer l'historien dans un chapitre comme celui consacré aux archives du Somerset (Angleterre)... hélas suivi, à titre de comparaison pour le côté français, d'une compilation de quelques romans érotico-pornographiques. Outre que ce type d'analyse a déjà été faite et refaite par des littéraires, on se demande comment un historien peut en venir à l'étrange idée de mettre sur un même plan un dépouillement d'archives juridiques concernant un milieu populaire (Somerset) et celui d'oeuvres de fiction (à défaut d'être "littéraires") issues des classes privilégiées.
L'auteur s'aventure ensuite sur un terrain qui lui est peu connu, celui du XIXe et du début XXe, ce qui nous vaut quelques propos à l'emporte-pièce par exemple sur Freud.
L'ouvrage se termine par une évocation des «sixties», les années 1960, censées représenter un tournant historique. L'auteur nous inflige un long compendium du rapport Kingsley, ce que l'on peut trouver dans moult autre ouvrage.
Comment un historien confirmé, blanchi sous le harnais, peut-il commettre un tel navet ?
La réponse vient de la préface, longue évocation du paradis que fut pour l'auteur son séjour d'un an à l'Université de Princeton (une "année de plaisir"). Remontons plus avant encore, jusqu'à la page de garde qui porte une si touchante dédicace : "pour Jane". Allons bon, si ce fut pour la bonne cause, il lui sera beaucoup pardonné (Di quell'amor ch'è palpito / Dell'universo intero, / Misterioso, altero, /Croce e delizia al cor. Verdi, Traviata, Acte 1 - Alfredo)…
Pas tant que ça tout de même, car le titre de ce navet (à reléguer aux oubliettes de l'histoire) semble une lourde allusion à l'oeuvre impérissable de Denis de Rougemont, intitulée «L'Amour et l'Occident», qui, elle, mérite toujours toute notre attention…
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