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Critique de gayane


Tokki, 16 ans, battu quotidiennement par son père, ignoré par sa mère et son frère quitte le foyer familial pour enfin vivre. Cependant, emménageant dans un quartier malfamé de Séoul et étant à la dérive lui-même, il tombe vite dans la drogue et ses travers...

Comment dire ... Ma lecture a été ... ou plutôt, n'a pas été satisfaisante. J'avais vu passer ce roman qui ne m'avait pas particulièrement sauté aux yeux. Il m'avait cependant interpellé avec ses thèmes (Corée du sud, homosexualité "toutça toutça"...). Ensuite j'avais lu la petite présentation de l'auteure vendue comme une fan de mangas, et son livre comme un "hommage" au yaoi.... Enfin, je me suis décidée lorsqu'une collègue m'a poussé à lire le dît livre pour avoir un second avis.... Bon, je ne m'attendais à rien mais comment dire que ma lecture n'a pas été particulièrement positive ?
Entendons-nous bien : l'histoire dans son ensemble partait plutôt bien. Un gamin battu qui part de chez lui et se retrouve seul et désœuvré et qui en plus se découvre homosexuel, il n'y a pas grande originalité mais il y a de quoi être intéressée (en tout cas pour moi).
Là où j'ai beaucoup moins accroché ça a été dans la forme, le traitement de cette histoire et ce qui est annoncé pour ce roman.

Tout d'abord, l'hommage au yaoi. Alors oui, il y a une relation entre hommes, mais j'ai un peu du mal vraiment voir les codes du yaoi. Oui, bon, ok, ils y sont un peu, mais sans plus. Malheureusement, Sky Muglach a tellement peu développé ses personnages, son univers et son atmosphère que le yaoi m'est complètement passé au dessus de la tête. Alors oui, ce roman rappelle la construction d'un yaoi, et plus précisément, d'un manga. Cependant, ce qui sont des points positifs pour les mangas ne le sont pas forcément pour les romans. Ici, l'auteure a gardé la construction d'un manga qu'elle a retranscrit en roman et non adapté.... et le résultat est, à mon avis, loupé (je suis navrée). L'atmosphère d'un manga est instaurée par son dessin et la psychologie du personnage principale est donnée par les pensées et les répliques de ce dernier. Cependant dans ce roman, évidemment, pas de dessin donc pas d'atmosphère et le lecteur a gagné en prime les pensées de Tokki qui sont, il faut l'avouer, d'aucune utilité si ce n'est d'enfoncer des portes ouvertes ou de ne laisser aucune place à l'imagination du lecteur. Trop expansif, trop indécis, trop contemplatif sur son propre mal-être ... .

J'en viens du coup à la construction du roman. 3 points de vues sont exposés par l'auteure. 3 points de vues signifiés par des mises en pages différentes (2 polices différentes et un texte en gras). J'avoue me pas avoir adhéré à l'alternance des 3 types de narrateur possibles. J'ai trouvé ça déstabilisant au début puis carrément agaçant parce que chaque point de vue reprend des informations données dans le paragraphe précédent. En fait, il faudrait presque à chaque fois sauter les quelques lignes débutant le nouveau paragraphe pour ne pas avoir les redondance ou en avoir moins. De plus, sauf erreur de ma part, ce mode de fonctionnement a eu l'air de perturber l'auteure elle-même (mais pas l'éditeur car il n'a pas l'air de s'en être aperçu) car sur la fin le narrateur a inversé la mise en page des points de vue.
Bref, pour moi ça n'était pas un choix de structure judicieux car avec celle-ci j'ai eu l'impression que les scènes étaient enchaînées sans lien, sans évolution, sans tension.

Ensuite, j'ai également trouvé la rédaction de ce roman quelque peu maladroite, pour ne pas dire affreusement lourde, peu fluide et manquant de maturité. Alors oui, l'auteure est jeune et c'est son premier roman et je serais incapable d'écrire moi-même un roman. Cependant j'ai trouvé à plusieurs reprises les phrases trop longues, le vocabulaire mal choisi, parfois même alambiqué et les tournures de phrases... même combat. L'éditeur aurait peut être dû d'avantage se pencher sur le manuscrit et donner plus (ou en donner tout cours) de conseils à son auteure toute jeune. Par exemple, j'ai un peu eu l'impression d'être prise pour une nouille à chaque dialogue pour que l'auteure mette le nom du personnage qui prend la parole entre parenthèse après les répliques. C'était très agaçant plus qu'utile. En y réfléchissant, peut-être était-ce la version roman d'une bulle ? De même, le style un peu (beaucoup) lourd de l'auteure a rendu le rythme de ce court roman assez lent (trop de monologues intérieur, trop de détails sur les pensées de Tokki, en bref, trop de blabla pour pas grand chose qui serve à l'histoire. Ici, l'auteure s'en serait mieux sorti si l'éditeur l'avait peut-être plus accompagnée, plus guidée.

Je n'ai même pas apprécié les personnages car peu développés sauf Tokki dont les pensées assomment le lecteur avec ses sautes d'humeur, son indécision, sa puérilité, son manque de crédibilité et de cohérence. (Il a été assez chiant en fait le petit, tantôt appelé "gamin", "cadet", "adolescent", ou "jeune adulte".... Mais pourquoi ??) Les personnages vieillissent mais n'évoluent pas ou du moins que durant un très bref instant. Même l'intrigue n'évolue pas.

Enfin, le roman est sensé se passer en Corée .... mais où est-elle passée cette Corée ? Alors oui, il est fait mention une ou deux fois de Séoul et très vaguement, je crois, de l'image de la famille type coréenne mais c'est tout. Pas d'élément culturel, pas de lieux pour situer l'action et l'ancrer en Corée.... Même les noms des personnages n'ont, pour moi, rien de coréen ! (Min et Han seraient plutôt chinois, Kat sonnerait plus américain ou chinoise, voir thaï avec leurs noms européanisés et Tokki serait plutôt japonais). Pas de plats coréens, pas de lieux emblématiques etc... si bien que j'ai plutôt situé ma lecture aux USA (pas vraiment proche culturellement parlant) et ça n'a pas dénoté du tout.

En conclusion, ma lecture sera vite oubliée car je n'ai pas réussi à m'accrocher ni au style de l'auteure, ni aux personnages, si à son univers. J'ai noté une lourdeur de style, des maladresses et des incohérences et illisibilités/confusions.

J'espère cependant que Sky Muglach aura l'occasion de s'améliorer et que j'aurai l'occasion de la lire pour une meilleure expérience !
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