AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Mouche307


Dans les années 1930 et 1940, le Rwanda voit arriver des missionnaires blancs qui viennent apporter la vraie foi en Yézu et Maria. Ces deux divinités nouvelles pourront-elles enfin faire pleuvoir sur la plaine desséchée ? Ou bien faut-il pour cela prier Kibogo, enlevé par le ciel un soir d'orage ? Les croyances s'affrontent, mais finissent aussi par se superposer et développer de nouveaux motifs, au gré des personnes qui les racontent et de celles qui les écoutent.
Dans quatre récits qui se suivent et s'emmêlent, l'auteure, tout comme les "tisseuses de contes" qui filent ces histoires, recrée à la fois la langue orale des conteurs, mais campe aussi ses personnages représentatifs : vieillards que l'on veut croire séniles mais qui sont dépositaires de la mémoire du peuple bien plus que les livre des Blancs, missionnaires qui ne voient que des superstitions païennes à combattre absolument, puis étudiants et chercheurs à la recherche de traces de sacrifices humains qui ne voient et n'entendent que ce qu'ils veulent, et parmi tous ces gens, les malheureux croyants ne sachant plus qui prier et tentant de concilier les rites ancestraux et les nouvelles instructions dénuées de sens.
Le plus beau dans ce tissage, c'est que les croyances qui semblent pourtant totalement opposées en viennent à se compléter et à se ressembler. Ainsi le séminariste défroqué réfugié sur la colline aux esprits et offrant du pain aux enfants, l'éminent professeur poursuivi par les nuages d'orage pour le punir d'avoir profané cette même colline, et finalement, le petit garçon malin qui espère bien qu'en échange des mystères de son peuple, il pourra aller dans une vraie école. Mettre sur le même plan les croyances populaires et la religion chrétienne permet de voir comment elles se nourrissent les unes des autres et donnent ainsi de beaux motifs à ce tissu de contes, tout en faisant sourire le lecteur de parvenir à ces rapprochements inattendus.
Commenter  J’apprécie          180



Ont apprécié cette critique (16)voir plus




{* *}