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Critique de theowen


Je tiens à remercier Babelio et les éditions Mardaga pour ce livre reçu grâce à Masse Critique.
Le viol comme arme de guerre, mutilations génitales au prix d'une guerre de pouvoir, de pillage, de minéraux précieux, de convoitise pour « anéantir le moral des peuples pour qui fertilité et famille sont les seules vraies richesses. Détruire des femmes, c'est détruire tout le village, et pour toujours. »
 
Je ressens un trouble dès l'introduction, c'est bouleversant et intime. Deux décennies de ravage au Congo, deux médecins témoignent de ce délirant combat, leur engagement à reconstruire l'espoir, donner une deuxième chance pour toutes ces femmes, victimes sacrificielles au nom de la guerre !
Le viol est la gangrène qui anéantie famille, société et victimes en RDC. le Dr Denis Mukwege en a fait son chemin de croix, il se bat au milieu de cet enfer, il a créé l'hôpital de Panzi qui reconstruit les victimes physiquement et psychologiquement, permet une réinsertion socio-économique.
C'est un ouvrage que tu prends le temps de lire, d'analyser car tu sais qu'il est capable de te foudroyer.
Je découvre le cursus du Dr Mukwege, ses ambitions, ses convictions, ses combats au sein même de son pays. Il fonde un lieu qui deviendra un sanctuaire pour tant de victimes, l'hôpital de Panzi. Il partage les témoignages terrifiants, inexplicables par leurs atrocités sans nom. Mais ce massacre recèle une explication que le reste du monde n'a pas forcément envie d'entendre !
Dans la société traditionnelle des villages de Kivu, « en perdant sa fertilité, la femme perd tout », les tortionnaires ont trouvé le moyen idéal de pression, de contrôle de la population.
 
Le Dr Cadière est l'opposé de son acolyte, c'est son investissement comme pionnier dans le développement des techniques de laparoscopie qui a permis en 2011 leur rencontre et le début de leur collaboration.
Ce livre est prenant, j'ai du mal à le lâcher, leurs connaissances, leur humilité, leurs investissements montrent à quel point ces deux hommes sont grands et courent vers le même objectif de l'humain.
Les descriptions des mutilations exposent l'ampleur du désastre subit par les victimes. C'est inhumain et pourtant j'assiste à une résilience hors du commun, à une survivance possible.
Le but de Panzi est de former de nouveau médecin afin de soigner plus de victime et plus rapidement. Penser à la relève car on sait que les massacres vont perdurer dans le temps.
 
J'assiste à l'évolution de ce projet extraordinaire et titanesque orné de nombreux sacrifices, de difficultés rencontrées, de menaces de mort alors qu'autrefois Bukavu était « une ville paisible et fleurie ». le but du Dr Mukwege par ses actions est de faire évoluer les mentalités, que les victimes ne sont en rien responsable de ce qu'il leur est infligé. Tenter de changer la forte pression du joug patriarcal, engendrer un changement chez les hommes, qu'ils arrivent à considérer la femme autre que comme un esclave, la considérer comme une personne ayant des droits et une autonomie.
Une vision réaliste nous explose en pleine figure avec ce livre. Elle est également en train d'arriver en Occident, sournoisement et avec notre accord : « Voulons-nous de ce monde ? Contrôlé par la finance au mépris de la vie humaine ? »
Sans le savoir ou par omission, nous participons tous à ce massacre passé sous silence !
 
C'est une plume incisive, percutante qui rend hommage à toutes ces fillettes, filles, femmes en racontant leur histoire, en exposant au grand jour leur destin brisé que le Dr Mukwege et Cadière tentent de leurs quatre mains de restaurer avec dignité.
Terminer sur le discours poignant du Dr Mukwege lors de sa remise du prix Nobel de la Paix est un moment extrêmement fort d'espoir et de conviction.

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