AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de jostein


"Se taire, c'est déplaire, dit Edgar; et parler, c'est se ridiculiser."
Le roman commence et finit par cette phrase. Herta Müller, née dans la région souabe de la Roumanie (minorité germanophone), a vécu cette oppression de la dictature de Ceausescu. Ce roman est paru en 1994 en Allemagne et vient juste d'être édité en France. On y trouve une part de la vie de l'auteur puisque la narratrice est issue de la même région, elle est aussi fille d'un ancien soldat SS et elle est traductrice dans une usine roumaine.
C'est le roman d'une amitié entre la narratrice et trois jeunes garçons, Edgar, Kurt et Georg, réunis par le suicide de la camarade de chambrée de la narratrice. Ces jeunes vivent sous la peur constante d'être interpellés, poussés au suicide ou envoyés au cimetière. Ils voudraient témoigner de toutes ces morts suspectes, du mauvais traitement des prisonniers. Pour eux, c'est une perpétuelle méfiance, un harcèlement constant.
" On sentait le dictateur et ses gardes qui planaient au- dessus de tous les secrets des projets de fuite, on les sentait à l'affût, en train d'inspirer la peur."
Chaque lettre doit être codée et renfermer un cheveu témoin.
" Nous restions dépendants les uns des autres. les lettres contenant un cheveu n'avaient servi qu'à lire la peur de l'un dans l'écriture de l'autre."
Les fouilles de domicile, les interrogatoires sont permanents. Il n'y a que deux issues possibles, le suicide ou la fuite qui conduit très souvent à la mort.
Le roman est difficile car l'auteur utilise elle- même des codes de langage. Elle réinvente une langue où la mort est un sac, la noix, une tumeur. Des phrases et des mots viennent rythmer constamment le récit, on retrouve de manière récurrente les coiffeurs et les couturières, les moutons en fer-blanc (sidérurgie), les melons de bois (transformation du bois), les buveurs de sang(abattoirs).
Dans ce récit viennent aussi se mêler les souvenirs de l'enfant face à son père, les folies des grand-parents.
Sens cachés, métaphores, incursions compliquent la lecture du roman mais l'atmosphère est ainsi créée et le dénouement est particulièrement intense et émouvant.
Et l'animal de notre coeur, lui-aussi se met à remuer en nous.
Lien : http://surlaroutedejostein.o..
Commenter  J’apprécie          90



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}