AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de evergreen13


Le théâtre des opérations
1914 : Colette ne supporte plus les viols conjugaux de son mari. le jour de la déclaration de guerre, en tentant de repousser ses assauts, elle l'assomme d'un coup sur la tête. le croyant mort, elle s'enfuit sur sa bicyclette et rejoint Amiens où elle se fait embaucher comme ouvrière aux « Velours » un atelier de confection qui emploie ou plutôt exploite les femmes de la région. Mais la guerre s'installe et se rapproche d'Amiens. Les ateliers ferment… Les femmes se retrouvent sur le pavé, jusqu'au jour où elles vont devenir « les filles de la section caméléon », les ouvrières spécialisées dans le camouflage militaire.
J'ignorais tout de ce volet de l'Histoire de la Grande Guerre. Il est vrai qu'entre 1914 et 1915, les soldats français portaient un uniforme au pantalon garance ! Rien de mieux pour être repéré par l'ennemi et tiré comme des lapins… Ce sont des décorateurs de théâtre (la plupart des théâtres parisiens étaient fermés) qui ont l'idée de « recycler » leurs décors dans le contexte militaire : camoufler les canons, les positions des soldats, créer de faux arbres qui permettront à des tireurs de s'embusquer sans risque, fabriquer de fausses vaches qui pourront être déplacées, puis en 1917, des vrais faux tanks directement inspirés des véhicules anglais. A force de démonstrations, ils sont parvenus à convaincre l'Etat Major (notamment le Général de Castelnau) de la nécessité d'utiliser ce « maquillage ». J'ignorais tout du destin extraordinaire de ces femmes que l'auteure installe dans une cité ouvrière abandonnée (fictive) « La Citadelle ». Colette, devenue Colline La Chance, ses amies Vovonne et Cupéli échappent ainsi pour un temps à l'extrême pauvreté de leur condition d'ouvrières du textile et elles vont sauver des milliers de vie.
Ce roman historique est inspiré de faits réels, de personnes ayant existées, tels les décorateurs Louis Bérard et Emile Bertin, le peintre Lucien-Victor Guirand de Scévola, le créateur de Bécassine Joseph Pinchon. Mais l'auteure a su donner vie aux personnages fictifs, notamment les femmes de la Citadelle, des veuves, des filles-mères, dont la plupart étaient rejetées par leur famille et qui n'avaient nulle part où aller. La section Caméléon leur a donné plus qu'une seconde chance, une véritable identité. C'est aussi l'occasion d'en apprendre un peu plus sur la condition féminine à l'orée du XXème siècle à travers ces ouvrières mais aussi les comédiennes de théâtre et les femmes de la « bonne société ». Aucune n'était épargnée par les épreuves dues à la guerre : chacune avait au moins un membre de sa famille au front, frère, neveu, fiancé, mari... Puis, alors que les combats semblent terminés, la grippe espagnole frappe indifféremment soldats, officiers et civils.
Un bon roman qui conjugue avec succès les petites histoires dans la grande Histoire et qui fait la part belle à de beaux personnages féminins.
Commenter  J’apprécie          101



Ont apprécié cette critique (10)voir plus




{* *}