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Critique de fabienne2909


« La chambre de Sara comme un océan clos
Il y fait presque toujours nuit car
Murs bleus profonds draps bleus profonds sommeils bleu profonds aussi
Monde lourd dense épais et filtré
Dans l'air liquide dérive un silence d'abysse
C'est le genre d'endroit qui chuchote en fin d'après-midi
et où la lumière se faufile en paillettes rares et douces. »

C'est beau non ? J'ai été happée immédiatement par la beauté de ces « Nuits bleues » racontées par Anne-Fleur Multon, autrice jeunesse qui s'essaye pour la première fois, avec réussite, au roman adulte. le sujet l'inspire particulièrement, puisqu'elle raconte les débuts de sa relation avec sa compagne Sara, en plein confinement. L'impossibilité de se voir, la distance, n'ont pas amoindri cet amour naissant qui a très vite été fulgurant, beau, pur tout en étant aussi très charnel. Un amour fou, qui leur donne à toutes deux, comme à ceux qui aiment démesurément, l'impression d'être les seules à s'être jamais épris d'une autre personne.

Le roman est ainsi structuré en courts chapitres qui sont autant de souvenirs de cette rencontre, de ces premiers moments, des premières difficultés et trahisons qui ont paradoxalement renforcé leur relation, de leur envie d'enfant, et de la fuite de Paris à la fin du confinement, peut-être pour gagner leur Abidjane, le lieu imaginaire où elles se construisent leur propre monde. Quelques lignes résument les grandes étapes de leur amour, ce qui n'est pas lui rendre justice tellement la langue d'Anne-Fleur Multon est belle, riche, et sensorielle. Elle raconte l'intime, son intime, puisqu'elle raconte son amour vécu depuis sa propre intériorité, mais pourtant je n'ai jamais eu l'impression d'être une intruse, ou une voyeuse. J'ai juste été heureuse pour ces deux femmes que pourtant je ne connais pas, et, pour être honnête, presque envieuse de cet amour si absolu !

Voilà ce qui m'a plu dans ce court roman : les sensations qu'il traduit, et qu'il provoque chez le lecteur. Les images qui en sont créées, et qui m'ont donné l'impression de faire un voyage onirique, détaché des basses réalités matérielles. J'ai été aidée en cela aussi par la sublime photo de couverture, réalisée par Sara G. justement. Pourtant, le roman aborde aussi la difficulté d'être lesbienne en pleine rue, même à Paris, d'avoir le droit à des choses banales et insignifiantes comme se tenir la main tout simplement parce qu'on s'aime, sans être menacée verbalement ou physiquement.

« Les nuits bleues » est ainsi un très beau roman d'amour que je vous conseille les yeux fermés !
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