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Critique de 5Arabella


Le roman débute en 1936 à New York. Mais c'est l'Espagne qui est au centre du récit. L'Espagne, que le personnage principal du roman, Ignacio Abel, architecte de son métier a fuit. Il a certes fuit la guerre, les atrocités qu'elle engendre, une machine folle qui s'est emballée et qui dévore tout le monde et n'importe qui. Et surtout les raisonnables, ou les tièdes selon l'angle de vue que l'on adopte, ceux qui comme Abel ont ardemment voulu la République, mais qui en même temps, sont installés de manière confortable, et qui souhaitent des réformes progressives, pensées et préparées, en évitant les excès.

Mais Abel est aussi parti aux USA à cause d'un grand amour, Judith, une jeune Américaine, avec qui il a vécu une passion torride durant quelques mois, qui lui a donné la sensation d'être enfin en train de vivre véritablement. Mais Abel est marié, et sa liaison avec Judith devait être dissimulée, se passer pendant des instants volés, toujours trop brefs. Puis, évidemment, elle laissait des traces, au point que sa femme, Adela, a tenté de se suicider. Judith a décidé de rompre, de partir, et Abel ne peut s'empêcher de nourrir un espoir, ou plutôt une attente, de pouvoir la retrouver, malgré tout.

C'est une grande fresque romanesque, qui aborde énormément de thématiques, de questionnements. La passion, avec ses joies et souffrances, les choix que l'on fait dans une existence, et qui s'avèrent juste ou non lorsqu'il n'est plus temps de revenir en arrière. Les stratifications sociales, une organisation dans laquelle il y les forts et les faibles, les gagnants et perdants, ceux qui ont trop et ceux qui ont trop peu, ce qui à un moment où un autre provoque les haines et la violence. Ignacio Abel  est entre les deux, issu d'un milieu défavorisé, il s'est fait tout seul en partie, mais son métier et sa réussite, ainsi que son mariage, l'ont fait basculé dans une autre classe sociale. Il y a aussi la terrible mécanique de la violence engendrée par les rapides changements politiques, tout le potentiel de destruction que portent en eux les êtres humains lorsqu'ils détiennent la force, et que les règles habituelles sont abolies, que tout semble possible.

Le roman suit tour à tour plusieurs personnages du roman, nous laissant la possibilité d'appréhender différents points de vue, différentes visions. Cela donne un texte très long, qui prend le temps de poser, de décrire, de faire ressentir. Par moments le rythme s'emballe, mais il y a une forme de lenteur dans une bonne partie du livre, la volonté de cerner par des petites touches, d'exprimer différentes sensibilités. Il y a de allers retours dans le temps, Ignacio Abel  se souvient pendant son voyage aux USA, qui doit le mener dans une université américaine où il doit prendre un poste d'enseignant et construire une bibliothèque, les événements qui l'ont mené là il en est. Parfois en désordre, le lecteur doit progressivement reconstituer son itinéraire.

Il faut rentrer dans ce roman, accepter de suivre ses méandres, prendre le rythme. Mais si le lecteur y arrive, c'est un voyage marquant, d'une grande densité, à la fois sensible et touchant, mais aussi source de réflexions, donnant une vision complexe et non univoque des événements et des êtres.
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