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Critique de mariech


Le royaume des voix : lecture très ardue qui m'a fait penser au défrichage d'une forêt , parfois au détour d'un sentier on découvre des champignons , on en hume l'odeur délicate et un peu surannée , ici au détour d'une phrase sans fin , je me rends compte que je suis en train de sourire car il s'agit bel et bien d'une pépite , lecture qui se mérite , on avance lentement , il n'y a pas d'intrigue en elle - même mais une douce musique pleine de nostalgie
C'est l'Espagne rurale , l'espagne avant la ruée des touristes.
La génération des grands parents et des parents a connu une vie de labeur , sans aucun confort , on travaille à la récolte des olives sans aucun outil , il n'y a pas d'eau courante , de cuisinières à gaz , pas encore de télévisions , elles vont apparaître chez les plus riches du village et susciter bien des interrogations de la part des anciens , comment peut on vieillir en quelques heures .
Et puis il y a le choc des générations, il y a un café dans le village où on passe les disques à la mode comme Les Rolling Stones , les jeunes laissent pousser leurs cheveux , n'ont plus envie de travailler aux champs .
Les femmes fument , se maquillent , mettent des mini jupes .
Le photographe aux photos noir et blanc n'a plus de clients , il y a un magasin ' Photo 2000 ' qui fait des photos couleurs , apparaissent les premiers magasins d'électroménager et certains qui venaient de rien font fortune , par contre certaines grandes familles , des grands propriétaires terrains sont ruinés et ça les gens du village ne peuvent l'accepter , le comprendre , c'est contraire à l'ordre des choses , ordre des choses qu'on croyait immuable .
Quand les parents vieillissent tous les jeunes ont quitté le village , il n'y a plus personne pour les aider à relever le grand père quand il fait une chute.
Les rues , les maisons sont désertes alors qu'avant il y avait des familles , des fêtes , du bruit ...
Lui c'est le premier intellectuel de la famille , il lit sans arrêt , il apprend facilement l'anglais , il s'invente des vies à l'adolescence , il rêve d'ailleurs ‘
Il a des souvenirs de son enfance d'une précision incroyable, il a une mémoire prodigieuse , une sens du détail super développé , il se rappelle des couleurs , les odeurs .
Il nous parle d'un monde disparu à jamais mais fait toujours un portait juste de ses hommes loyaux et courageux . Monde où les valeurs ancestrales sont bafouées par la modernité , les meubles de famille en chêne massif qui se transmettent de père en fils sont remplacés par du Formica , des assiettes en Duralex , les glacières viennent remplacer les puits d'eau fraîche .
Il y aussi un beau portrait de l'exilé sous les traits du commandant Galaz, le père de Nadia . J'ai adoré le passage où l'auteur évoque sa maladresse au cours de gymnastique , à mourir de rire cette description de son adolescence le peloton des maladroits .
Roman d'amour avec l'histoire d'amour avec Nadia , amour filial et hommage aux anciens , douce nostalgie, l'auteur nous rappelle avec une grande justesse qu'il ne faut jamais oublier d'où on vient , ne pas renier nos racines au risque d'être un exilé sans histoire .

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