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Critique de BranchesCulture1


Munuera, la preuve par trois #2 : au XXIe siècle, les Espagnols ont encore et toujours le pied marin, même si tout a une fin !

Voilà un tout petit peu plus de vingt ans que José-Luis Munuera est rentré de manière fracassante dans le monde du Neuvième Art et presqu'aussi subitement dans le coeur des lecteurs pour devenir incontournable, tout au long de l'année. Car oui la bombe espagnole agit non seulement efficacement mais aussi rapidement, tirant son art d'un héritage et d'un métissage franco-belge et de thèmes et territoires légendaires mais pas éculé pour autant. La preuve par trois albums parus en cette année 2018. Deuxième partie sur les mers maudites mais néanmoins humoristiques avec le dernier acte des Campbell.

Résumé de l'éditeur : Remontant la piste du trésor de San Brandamo jusqu'aux portes de l'Inferno, un ancien temple gardé par de féroces aborigènes, Campbell et son équipage s'apprêtent à récupérer le plus fabuleux butin de leur carrière de flibustiers. Mais ils ne sont pas les seuls sur le coup… Pour Campbell et son frère, voici venu le temps des révélations !

Avide d'aventures, il fallait bien qu'un jour José-Luis s'empare des océans, terrain de jeu idéal bien plus loin que les batailles navales. Comme Uderzo et son Jehan Pistolet (et plus tard les loosers magnifiques de Barbe Rouge dans Astérix), Munuera a pris la mer. Il a mis le cap sur les îles aux trésors mais aussi aux lépreux pour donner fougue et action à une famille de pirates généreuse et attachante mais aussi menacée et un brin dysfonctionnelle de par la déchirure qui a mis en concurrence deux frères ennemis : Campbell et Inferno. Tout ça ne pouvait que mal tourner même sans tache noire, la mort fait tache d'huile. « Tantôt un peu de drame, tantôt un peu de comédie », dira Carapepino, l'espèce d'Iznogoud de cette pentalogie.

C'est clair, les personnages de cette série qui nous auront accompagnés et tenus en haleine (même de fond de cale, nourrie aux harengs saurs), on ne pouvait ni ne voulait s'imaginer qu'ils nous quitteraient aussi vite au prix d'un cinquième album fratricide. Cela dit, il faut reconnaître à Munuera la force de se retirer sans avoir tout dit, forcément, mais en ayant livré cinq albums qui se tiennent bien et ne jouent pas la surenchère quand le coeur n'y est plus (hein, les derniers épisodes de Pirates des Caraïbes). En cinq albums, Munuera a mis le feu aux poudres et à la ferveur sans friser le grotesque. Et si on n'en a pas eu assez, sans doute convient-il de concevoir les Campbell comme des jouets que l'auteur nous a légués pour imaginer plein d'autres aventures sur toutes les mers du monde. Et ça, c'est cool !

Dans cet ultime épisode, le souffle ne suffoque pas et c'est un boulet de canon qui est lancé dans un océan de désespoir et d'incompréhension qui fait le gâchis des relations familiales. Ici, entre deux parties de fines lames, le lecteur aura enfin le fin mot de cette histoire de flibustiers comme on les aime ou comme on aime les détester. Les trois malédictions est un album qui se déroule dans une nuit d'encre (illuminée par des flashbacks décisionnels de cette tragédie qui a le couteau entre les dents) qui exacerbe les tensions… et les gags. le compromis est toujours aussi parfait et la lumière de l'or et du prestige viendra tout chambouler dans une dernière scène mythique. Il y a toujours eu beaucoup de choses à retirer des univers de pirates, des valeurs, du courage, des dilemmes… c'est encore le cas ici, mué par l'inconditionnel amour que porte Munuera à ses personnages, il ne les jette pas à la baille, il leur réserve une conclusion inévitable mais respectueuse. Son talent aussi à rendre les cases intrépides, variant les formats et l'éclairage du fidèle Sedyas. À nous faire rire tout en pleurant un peu. Car ce dernier tome est irrévocable, sous le signe du drapeau rouge, mais continue de faire des vagues car les pirates ne meurent jamais, leurs mythes restent intacts.

Les Campbell aura aussi permis d'installer un peu plus José-Luis, qui n'est plus marin d'eau douce depuis longtemps, comme un dessinateur autant qu'un scénariste (il y avait déjà eu Walter le loup mais avec moins de difficultés narratives et moins de personnages) qui se débrouille dans les joutes de cape et d'épée mais aussi dans les joutes verbales, qui met toute son énergie au service de la puissance graphique et narrative et dans l'intelligence de son récit. Une star du Neuvième Art est née une seconde fois. À l'abordage de nouvelles Zaventures (la preuve au prochain et dernier numéro de ce topic)!
Lien : https://branchesculture.com/..
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