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Critique de fabienne2909


Roman de la mélancolie, du temps passé qui ne reviendra jamais, de l'introspection, avec une pointe de fantastique beaucoup plus faiblement dosée qu'auparavant, Haruki Murakami s'approche avec « L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage »de ses meilleurs romans sans toutefois les rejoindre.

Je retrouve quasiment le Haruki Murakami d'avant 1Q84 et cela fait du bien (je n'avais pas vraiment été convaincue par cette trilogie).

Tsukuru Tazaki mène à trente-six ans une vie plutôt solitaire. Effacé, persuadé d'être sans couleur ni saveur et de ne rien apporter à personne, il vit dans le traumatisme que son groupe d'amis lui a infligé il y a maintenant plus de seize ans. Après avoir été inséparables durant plusieurs années, ceux-ci ont brutalement fait comprendre à Tsukuru qu'ils ne souhaitaient plus jamais le revoir, sans aucune explication. Etait-ce parce que Tsukuru avait quitté Nagoya pour Tokyo, et commencé à tracer son chemin loin d'eux ? Pour une autre raison ? Quand il fait la connaissance de Sara, poussé par celle-ci qui ne le sent pas aussi impliqué qu'il devrait l'être, Tsukuru décide de partir à la conquête de son passé, et de découvrir le fin mot de l'histoire…

Le roman est donc centré sur la quête initiatique de Tsukuru Tazaki, laquelle le mènera dans ses souvenirs et même hors du Japon (c'est la première fois d'ailleurs, il me semble, qu'un personnage sorte ainsi du cadre japonais), afin d'apprendre à se connaître et à maîtriser la souffrance cristallisée qui fait barrage entre lui et les autres. D'apparence plutôt lisse au départ, Tsukuru Tazaki devient un personnage de plus en plus profond et attachant. Ne serait-ce que par l'image négative qu'il a de lui alors qu'il semble être un homme bien !

Cette recherche identitaire est parsemée de fantastique, de moments tombant dans l'onirisme, procédés chers à Haruki Murakami mais j'ai été surprise de constater que cette fois-ci ces motifs sont un peu trop superficiels et ne sont pas creusés ; laissés trop en retrait, ils semblent n'aboutir donc à rien. C'est dommage car si on sent qu'un lien entre plusieurs de ces passages existe (l'histoire vécue par le père de Haida, le camarade d'université de Tsukuru, et le sort de Blanche, l'une de ses amies de lycée), il n'est pas assez explicite (tout au plus a-t-on quelques lignes, qui je pense sont assez importantes, sur la notion de kechimyaku, soit la « transmission de la foi bouddhique de maître à disciple, et par extension, lien de sang »), ôtant à mon sens une dimension et un certain relief au roman.

Mais la mélancolie qui imprègne le roman, cette souffrance de devoir accepter que le passé ne pourra plus être (re)vécu que dans ses souvenirs, donnent une force et une beauté poignantes à ce roman qui constitue un très beau moment de lecture.
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