Elle avait déjà connu l'insomnie lorsqu'elle était étudiante : des nuits blanches suivies de journées passées dans une brume cotonneuse. Rien de comparable avec le phénomène qui la touche alors qu'elle aborde la trentaine. Cette fois, elle va passer dix-sept nuits sans
sommeil, sans même avoir besoin de
sommeil. Dix-sept nuits durant lesquelles cette épouse et mère va vivre une vie parallèle. Ses journées seront semblables à toutes les autres : ménage, courses, préparation du repas, piscine. Ses nuits seront son jardin secret, des moments privilégiés passés à boire du Cognac, dévorer du chocolat et relire des classiques de la littérature russe.
L'insomnie comme une revanche sur la vie. Pour cette femme aux journées monotones, à la vie en
sommeil, les nuits vont devenir autant de possibilités d'être libre. Pendant que son mari et son fils dorment du
sommeil du juste, elle peut enfin être elle-même et s'adonner à ses passions secrètes. Loin de l'abrutir, cette insomnie la revitalise, la tonifie. Elle est plus belle, plus en forme que jamais. Elle atteint la pleine conscience.
Lire une nouvelle de Murakami, c'est toujours pénétrer dans un monde étrange et onirique, se laisser porter par le fantastique, savoir que l'on ne va pas avoir toutes les réponses. Il joue ici avec la question de l'éveil et du
sommeil, de la vie et de la mort, du songe et de la réalité et met en avant les bienfaits de la littérature qui est bien souvent une façon de s'évader de la tristesse du réel…
La fin est ouverte, il faudra imaginer la suite. Court, mais bon !