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Critique de Henri-l-oiseleur


Ce bref roman de Musil adopte pour cadre le même pensionnat- prison-caserne où Rainer Maria Rilke et quelques autres grands noms de la culture austro-hongroise passèrent leur adolescence avant 1914. De ce point de vue, la vie scolaire et la culture dispensée sont totalement inimaginables pour nous, qui ne connaissons que des établissements modernes d'éducation semi-barbares. Si cette "geôle de jeunesse captive" fait l'objet d'une critique dans le roman, l'intérêt pour nous est purement historique. En revanche, les relations entre internes, violence, chantage, brutalités, abus sexuels, sont de tous les temps et de tous les milieux. Le point de vue adopté ici par Musil est extrêmement original et novateur, moderne : il ne raconte pas l'histoire du point de vue de Basini, la victime, ce qu'on a déjà vu maintes fois puisque c'est devenu notre religion aujourd'hui, ni de celui de ses bourreaux qui la tourmentent et l'humilient, Beineberg et Reiting : le supplice de Basini est considéré par un témoin gêné, l'élève Törless, curieux de comprendre la manière dont la victime supporte ses souffrances et comment ses bourreaux y trouvent leur plaisir, non sans s'interroger en termes métaphysiques et moraux. Ce retrait, ce refus de prendre parti et d'intervenir dans le sens du bien ou du mal, est la plus grande originalité du personnage inventé par Musil. Törless n'est pas moins cruel que les tortionnaires simplistes quand il interroge inlassablement Basini sur ce qu'il ressent, en le traitant en objet d'étude.
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