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Critique de Sachenka


Les désarrois de l'élève Törless est un roman que je me promettais de lire depuis un bon moment. Je m'y suis enfin attelé. Mon opinion a changé à plusieurs reprises au cours de ma lecture, que j'avais entrepris comme un roman d'apprentissage. le début m'a intrigué : dans une Autriche du début du 20e siècle, le jeune et fragile Törless raconte son arrivée à un pensionnat élitiste, les attentes de sa famille, les nouvelles amitiés qu'il développe au collège. En particulier avec Reiting et Beineberg. C'est une histoire cent fois racontée, que celle d'un adolescent sensible mais confiné dans l'atmosphère austère d'un internat, entouré d'autres garçons et de tout ce qui vient avec, c'est-à-dire les émois sentimentaux (incluant quelques pulsions homosexuelles), le besoin de camaraderie, celui de se démarquer, de se sentir apprécié par ses ensignants, jouer au favori, etc.

Passé le premier tiers, je me demandais où l'auteur Robert Müsil m'amenait, son histoire me semblait tourner en rond. Törless explore les mathématiques, la religion, la philosophie, cela m'intéressa un instant seulement. Et les nouvelles amitiés du garçon me paraissaient ordinaires, des aventurettes de collégiens sans lendemain, rien de plus. Erreur ! Ces jeunes garçons cherchent leur place dans le monde, parfois au détriment des autres. Puis, l'un d'entre eux, Basini, commet l'erreur de voler dans les casiers puis s'attire la rancoeur de Reiting et Beineberg. C'est le début d'une longue phase de méchanceté, de cruauté. Tous s'acharnent sur Basini, même Törless s'efface devant ses amis tortionnaires. Tellement que ça en devient lourd à supporter pour le lecteur. Est-ce que la dernière centaine de pages ne sera que le récit d'une longue persécution ?

Heureusement, non. Törless commence à penser que tout ça va un peu trop loin. Punir quelqu'un pour ses mauvaises actions est une chose, le harceler et le dégrader de façon continue, c'est autre chose. En fait, c'est de l'intimidation. Aujourd'hui, c'est un sujet chaud, sur les bouches de tous les parents et les professionnels de l'éducation, mais il y a cent ans… le jeune garçon se trouve dans une position délicate : les bourreaux sont ses amis et il ne veut pas qu'ils se retournent contre lui. Mais la souffrance de Basini résonne chez Törless, lui-même exalté par la poésie et le mysticisme, troublé par des questionnements existentiels, il cherche la solution à son dilemme. La finale est tout à fait appropriée, sombre, comme la vie peut l'être. Les désarrois de l'élève Törless est un roman encore d'actualité (même si le style et le contexte ne le sont plus autant), que je regrette ne pas avoir lu alors que j'étais adolescent moi-même.
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