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Critique de nadejda


Ce livre m'a un peu déçue car trop journalistique à mon goût. Une trop grande partie historique revisitant tous les événements qui ont pu mené à cette guerre terrible où les populations de ces régions d'Irak et de Syrie sont sacrifiées n'aurait pas du être faite par la voix de Nujeen mais par celle de Christina Lamb. Cela enlève, dans un premier temps, de la crédibilité au récit de Nujeen.

Cette réserve faite le témoignage de Nujeen concernant sa vie quotidienne et celle de sa famille depuis la révolte syrienne contre le régime de Assad qui les faisait rêver d'une libération avant de se transformer progressivement en un massacre, permet de partager ce que peut être la détresse et la douleur de tous les réfugiés qui arrivent en Europe.
La vie de toute la famille va n'être qu'une suite d'abandons successifs jusqu'à la nécessité de quitter définitivement leur pays : ils doivent quitter Alep, bombardée quotidiennement, le vendredi 27 juillet 2012, retourner à Manbij où ils possèdent une maison, où "le seul point positif, c'est qu'on pouvait de nouveau voir les étoiles. Les étoiles et la beauté du silence. Même Assad ne pouvait pas gâcher ça."

Deux ans après ce sera la seconde rupture avec la chaleur du cocon familial où elle est choyée. Rupture d'autant plus douloureuse que ses parents, Ayee et Yaba, restent car ils ne veulent pas à leur âge tout laisser derrière eux. L'avancée de Daesh les pousse à quitter la Syrie pour la Turquie.
"Et au fond de moi je savais qu'ils ne voulaient pas quitter la Syrie. Nous nous sommes dit au revoir. Mes joues étaient baignées de larmes. Je me suis agrippée à Ayee (sa maman). Jamais je n'avais été séparée d'elle, nous avions toujours dormi ensemble." p 115

Nujeen est vive et attachante. Elle garde sa naïveté d'enfant tout en faisant preuve de plus en plus de maturité quand elle se trouve embarquée dans le voyage chaotique et incertain qui doit les mener, sa soeur et elle, en Allemagne où l'un de leur frère les attend.
Elle découvre, au contact des autres réfugiés, que malgré son infirmité elle peut servir à quelque chose comme les aider grâce à l'anglais qu'elle a appris en regardant son feuilleton télévisé préféré, "Des jour et des vies" sa bouée de sauvetage, la seule chose qui pouvait me faire oublier les bombardements nous dit-elle. Ces petites choses qui font sa vie quotidienne, cette addiction à la télé qui lui permet de combler son désir d'apprendre qu'elle ne peut satisfaire en allant à l'école, elle va s'en servir au long du chemin plein d'embûches qui va la conduire en compagnie et avec l'aide de sa soeur Nasrine jusqu'en Allemagne. Malgré les souffrances, la peur, ce parcours lui ouvre des possibilités qu'elle n'avait pas enfermée chez elle en Syrie. Elle découvre le monde et se découvre elle-même.
Tout en étant complètement incertaine de son avenir et de celui de Nasrine, elle continue aussi d'apprécier la beauté, par exemple quand elle quitte le camp de rétention de Postojna en Slovénie :
"Ce n'est qu'en quittant Postojna que je me suis aperçu de sa beauté, entourée de nature, de collines, où tout était vert. Plus tard, j'ai fait des recherches sur cet endroit et j'ai appris que des bébés dragons étaient nés dans une cave des montagnes, juste au-dessus de l'endroit où nous étions. Je ne savais pas que les dragons existaient. Je trouvais dommage que nous ne voyions de ces pays que des policiers et des réfugiés." p 213

Elle estime aussi qu'elle a eu beaucoup de chance grâce à "son avantage handicap" qui incite ceux qu'elle croise à les aider elle et sa soeur. pourtant parvenue presqu'au bout de ce périple semé d'embûches, elle craint une chose : ... j'allais redevenir la fille dans sa chambre. Au cours des trois semaines qui venaient de s'écouler, je m'étais sentie comme tout le monde et j'avais fait l'expérience de la vraie vie, même si j'avais eu besoin de ma soeur pour me pousser."

Tout son optimisme lui revient quand elle et Nasrine parviennent enfin en Allemagne le jour de l'anniversaire de cette dernière.
"Depuis notre départ d'Alep nous avions parcouru 5500 kilomètres, à travers 9 pays, de la guerre à la paix -- un périple vers une nouvelle vie, comme mon prénom.
Soudain tout devenait quand, et non plus si. Je regardais les Allemands en me disant qu'un jour je parlerais comme eux, je vivrais comme eux, j'aimerais comme eux. Je marcherais peut-être comme eux." Et même si les difficultés, les humiliations sont loin d'être derrière elle, on se dit que cette adolescente obstinée, qui a su garder son humour et sa capacité d'émerveillement, s'en sortira et que ses parents Ayee et Yaba pourront être fiers d'elle.

Merci à Babelio et aux éditions Harper Collins pour cette leçon de vie qui fait paraître bien dérisoires nos propres problèmes.
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