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Critique de fanfanouche24


[Première édition avril 1988 / Acquis décembre 1988- Librairie Tschann
Relu en mai 2019]

Fils d'universitaires très renommés, Jan Myrdal raconte à 50 ans passés,
son enfance pas si dorée que son milieu privilégié pourrait le faire croire !!

Il narre sa jeunesse, le climat glacial induit par ses parents, plus cérébraux qu'affectueux ! Une seule figure chaleureuse et lumineuse en la personne de son grand-père, autodidacte acharné. Présence bienveillante ainsi que celle de sa grand-mère, car chez lui, l'enfant ne reçoit de l'affection que de Marie,
"La domestique"[ Mary est la domestique. Ici on ne dit pas la bonne" , p.14]. Cela en dit déjà long du milieu social et des convenances s'y rattachant !!

Une mère déficiente émotionnellement qui ne supportait pas son fils, ni les contacts charnels avec ses enfants...une véritable phobie de tout ce
qui touche au corporel !

"C'est peut-être cette aversion contre les fonctions corporelles et tout ce qui touchait au corps qui fit qu 'Alva ne dit à personne qu'elle était enceinte et que la famille fut si étonnée de me voir soudain apparaître et exister. (...) Qui compulsera la biographie qui a été faite d'elle remarquera que je suis jamais né. (...) Ma soeur Sissela a le droit de naître sept ans plus tard dans cette biographie (...)
On pourrait dire que je n'avais pas l'impression d'être volé de mon droit d'aînesse mais de mon simple droit d'exister." (p. 83)


Un style le plus souvent chargé, assez opaque, éclairé parfois par des envolées poétiques, oniriques... comme les lignes qui suivent !!

"Le vent souffle en ce moment et les fils téléphoniques chantent. le monde entier est blanc et on vient de dégager la route. (...)
Quand je me colle contre le poteau je peux entendre tous les bavardages du monde qui passent dans les fils téléphoniques. Mais il y a tant de bavardages qu'ils se réduisent à un chant dans le vent. (p. 85)"

Le récit se fait en alternance entre le passé lointain, l'enfance de l'auteur dans les années 30 et le présent...Jan Myrdal raconte parallèlement à cette enfance les soubresauts politiques, sociaux de la Suède , comme les changements de patronyme soit pour dissimuler son origine sociale, soit pour cacher ses orientations politiques ...Entre la sphère privée et publique... l'atmosphère est oppressante, glauque !!...

Un récit terrifiant sur une enfance massacrée...éteinte, toxique...les échappées de ce petit garçon dans l'imaginaire et les rêveries...[un bémol pour ma part: la transcription quelque peu fastidieuse des délires oniriques de l'enfant que l'auteur était !]

L'auteur, spécialiste reconnu des affaires orientales, de la Chine, tout spécialement...se retourne 50 ans après, sur son enfance qui l'a meurtri profondément...
Ce récit est de facture très personnelle et compose le premier versant de son autobiographie...L'écrivain s'interroge sur la généalogie et les liens du sang , dont les siens...!

J'imagine aisément le scandale provoqué à la publication de cette autobiographie qui faisait exploser les apparences, les convenances,et mettait en relief la toxicité de cette famille prestigieuse socialement,
professionnellement, avec diplômes, fonctions au sommet du pays; dont le père , Gunnar, prix Nobel d'économie en 1974, la mère, engagée en politique, demandant à son fils adulte de ne plus la voir (le fils n'étant pas dans les mêmes engagements) car elle a peur que cela nuise à sa carrière...Nous sommes soulagés, au regard de ce milieu familial nocif, de constater que Jan Myrdal a exceptionnellement réussi son parcours, en dépit... de plusieurs mariages..., toutefois !!
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