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Critique de gerardmuller


Trois femmes puissantes /Marie Ndiaye/Prix Goncourt 2009
Norah, jeune avocate de trente-huit ans, est accueillie par son père au pays natal, sans doute le Sénégal même s'il n'est pas cité, elle qui vit à présent à Paris où elle a refait sa vie depuis un an avec Jakob après avoir divorcé du père de Lucie, sa fille qui vit avec elle. Jakob a aussi une fille d'un premier mariage, Grete du même âge que Lucie.
Norah n'a pas vu son père depuis un certain temps : elle découvre un homme qui s'est alourdi et a rapetissé. Elle est bien loin la superbe d'autrefois, cette stature jeune qui paraissait à Norah impérissable et qui a laissé place à une certaine négligence dans l'habillement et la toilette. Son père possédait autrefois un village de vacances qui avait fait dans style mirliflore sa gloire et sa fortune.
Norah avait reçu une lettre de son père l'adjurant de venir le voir pour une affaire pressante et grave. Elle a pris l'avion aussitôt, confiant sa fille Lucie âgée de sept ans à Jakob et Grete.
Ce père très particulier a eu de nombreuses femmes et encore plus d'enfants. Il fut brillant, astucieux, impitoyable, mais affété et entouré d'une cour soumise. Aujourd'hui, il connait la solitude. Norah, jeune femme vulnérable et ardente, a toujours considéré comme improbable une affection particulière de son père pour elle. Malgré tout, elle a répondu à son appel dont la raison reste pour l'instant un mystère. Norah apprend que son frère Sony qu'elle n'a pas encore vu depuis son arrivée, est en prison. le mystère plane sur les raisons de cette incarcération…
La deuxième partie du livre, qui se passe en Gironde, met en scène un certain Rudy Descas, quarante-trois ans, marié à Fanta et père d'un petit Djibril. La vie du couple est dans la tourmente, Fanta n'étant pas d'une fidélité exemplaire et Rudy n'hésitant pas à humilier sa femme. Une atmosphère de tristesse, de rancoeur et d'angoisse règne à la maison. Les relations de Rudy avec son patron, l'amant de Fanta sont houleuses et équivoques. Et Rudy n'a de cesse de se poser des questions sur l'attitude qu'il devrait adopter, et aussi sur les paroles qui lui échappent parfois dépassant sa pensée. Il s'auto analyse en permanence sombrant dans des divagations qui se mêlent à son passé à Dakar où il était professeur avant d'être exclus pour propos racistes, ce qui contraignit la famille à rentrer en France au grand désespoir de Fanta…Un récit curieux, haché, fait de phrases sans paragraphes.
le troisième récit qui se passe au Sénégal est celui que j'ai préféré. le personnage de Khady, jeune veuve sans biens ni enfant, rejetée par sa belle-famille et contrainte de fuir, se retrouve dans un convoi de migrants aux prises avec des passeurs. On retrouve curieusement dans ce récit une construction normale avec des paragraphes, de belles et longues phrases et au beau style. J'en suis venu à me demander si c'est la même personne qui a écrit les trois parties ! Il n'est pas douteux qu'il y a eu intention de la part de l'auteure dans cette façon de construire, mais j'avoue qu'elle m'a échappé.
Une ambiance glauque, confuse et assez indéfinissable règne dans ces trois récits, et le style hautement elliptique et abscons de Marie Ndiaye surtout dans les deux premiers récits, n'aide pas beaucoup à s'y retrouver. Un style très factuel distillant l'ennui et qui n'a suscité chez le lecteur que je suis aucune émotion. de plus curieusement, nombre de personnages s'interrogent sur le fait d'avoir vécu ou rêvé une situation, ou encore connue seulement celle-ci par la narration qui leur en a été faite. Quant à l'histoire du père de Norah qui passe ses nuits, perché dans le flamboyant de la cour, je n'ai pas compris l'insistance de l'auteure pour évoquer ce fait. La présentation de la quatrième de couverture est trompeuse et je n'ai rien retrouvé de ce qui était annoncé. Une lecture laborieuse dont il me tardait de connaître le terme, jusqu'à ce que le dernier récit me rassure un peu.


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