Sois forte. Quand tu as la chance de connaître un amour comme le nôtre, il faut ensuite être assez forte pour le supporter. Un amour comme le nôtre coûte cher.
Dans ton cœur se niche une beauté terrible, dont la cicatrice est pareille à un sceau, recouvrant la ville fêlée et dure comme une pellicule aux couleurs criardes. Sur ton visage, en surimpression, se dessinent les traits que tu affichais quand tu étais avec moi dans les montagnes. Un visage plus lumineux, plus jeune, plus doux, à l’image du climat. Tu liras des livres – des livres de poche –, cherchant des phrases qui te permettront de raviver tes blessures. Et tu dois les raviver. N’oublie jamais cette douleur. N’oublie jamais ce que tu as vu avec moi. Tes souvenirs te sauveront. Tu seras comme un pommier poussant au milieu des immeubles couleur cendre de cette ville de granit.
Les gens vivent en couple. Ils se tolèrent jusqu’à ce qu’ils se rendent compte qu’ils ne font que se tolérer. Parfois, cela s’apparente à du somnambulisme.
En vieillissant, tu commences à apprécier combien la vie est courte. Vraiment courte.
Un peu de bière n’a jamais fait de mal à personne, j’imagine.
La meilleure façon d’honorer sa vie, c’est d’accomplir chaque geste avec cérémonie. Ne rien bâcler. Lacer ses chaussures correctement. Se coiffer avec attention.
Pense à tous les poulets, les cueilleurs de haricots, les ouvriers des usines de conserve, les cultivateurs de tomates, les routiers du monde qui ont sué sang et eau pour que tu aies le ventre plein et que tu prennes des forces. C’est comme un médicament. Et on n’en sera pas dignes si on ne leur en est pas reconnaissants.
Les amis, ça fait parfois des erreurs et de mauvais calculs, mais ça reste des amis, non ?
Dorénavant, on fait comme ça, on dit exactement ce qu’on pense. Surtout quand c’est difficile à avouer. Promets-moi que tu me diras tout. Même les choses les plus bêtes. Tout.
Rien n’était prévu à l’avance. C’est le genre d’itinéraire que l’on établit au fur et à mesure, d’une petite ville illuminée à une autre. On relâche le frein à main et on se laisse dériver au gré de son cœur. Et ce n’est pas si facile que ça.