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Critique de Pasoa


Depuis la seconde moitié du XIXème siècle, le Japon ne cesse de susciter la curiosité dans l'art et l'imaginaire occidental. L'esthétique de cette terre lointaine n'en finit pas de venir jusqu'à nous.
Publié en 2010 chez Cheyne éditeur dans la collection Grands Fonds, « Iro mo ka mo » (La Couleur et le Parfum) d'Ito Naga est un livre assez surprenant, qui résonne comme une invitation au voyage, vers le Nihon, le Pays du soleil levant.

Ouvrage surprenant car ce n'est ni un recueil de poésie en soi, ni un traité sur la poésie japonaise. C'est un composé de notes et d'impressions diverses de l'auteur, comme prises sur l'instant, livrées telles quelles.

Choses vues et entendues au travers de rencontres, de promenades dans les dédales de la ville ou dans un jardin zen. Choses glanées au gré de la vie quotidienne et des souvenirs, Ito Naga tente au travers de l'écriture de recréer, de retrouver l'instant précis qui fait naître la sensation, cet état de vertige particulier qui nous fait éprouver l'instant présent.

Tour à tour, Ito Naga découvre l'image, laisse filer le parfum ou la sonorité d'un monde singulier et multiple, d'un monde immobile et mouvant, où tout semble plénitude mais aussi fragilité et incertitude, cet Ukiyo (le monde flottant) que vivent les Japonais.

C'est dans cet interstice entre les contraires que naît la beauté si particulière de la poésie japonaise, celle qui va de l'écriture mais aussi de la parole au mouvement.
Ito Naga écrit qu'il ne faut pas interrompre une phrase en japonais, car toute la nuance arrive à la fin. Dans la langue japonaise, les mots ont tout pour dire ce que ne sait pas le regard.

« Elle a une manière de prendre les choses qui la rend heureuse ».

La pluie selon qu'elle est légère ou bien orageuse et portée par le vent, le bleu de la mer selon qu'il est près ou éloigné du rivage,... chacun état d'un élément est désigné par un mot ou par un groupe de mots qui en souligne la nuance et la particularité. « Les Japonais sont secrètement attachés aux signes et aux superstitions, ces croyances qui égarent (meishin) disent-ils », ainsi l'apparence qui se lie à la substance, à la matière.

J'ai beaucoup aimé la lecture de « Iro mo ka mo ». Là, un vol de lucioles dans la nuit. Ici, la fête des carpes (koi nobori). Plus loin la vapeur d'un bol de thé ou encore le fond de l'air en hiver, puis un quartier marchand à Tokyo,… Nombreuses images qu'Ito Naga a su retrouver et restituer dans une écriture lumineuse et simple, comme autant d'instantanés de la vie quotidienne japonaise. Pourquoi ne pas y retourner et reprendre un peu de ce pays du soleil levant ?

«En japonais, on dit de la beauté qu'elle remplit l'air (kaoru). A la façon d'une senteur ».



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