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Critique de Alfaric


Depuis la sortie du chef-d’œuvre de Go Nagai en 1971, le personnage de Devilman est entré au parangon de la culture populaire japonaise quand il n’est pas devenu l’icône de la contre-culture et l’attitude rebelle… C’est donc avec curiosité que me suis lancé dans ce spin-off scénarisé par le maître et dessinée par l’élève…

L’ambition est de revisiter la saga originelle en prenant le point de vue d’Amon, le démon possédé par Akira Fudo (celui par qui le malheur arrive et dont le nom signifie « colère du ciel ») :
- le tome 1 se déroule entre la mort de qui vous savez et la bataille d’Armageddon
- les tomes 2 à 4 se déroulent à l’ère antédiluvienne et racontent la première vie d’Amon
- les tomes 5 et 6 effectuent un retour au présent, montrant comment Amon a lutté intérieurement contre Akira
C’est quand même assez génial de donner une nouvelle vie à la saga avec des graphismes modernes, mais la série est définitivement inégale… Je pourrais éplucher les défauts récurrents de l’auteur, mais ce sont également celles de bons nombres d’œuvres japonaises. Pour résumer le côté drama est très réussi avec ses personnages torturés et ses dialogues travaillés, mais le background plus ou moins bancal vient saper le travail de mise en situation (genre le gros teasing sur l’apparition d’une nouvelle force n’appartenant à aucun des camps qui débouche sur rien du tout…)


Ce tome 2 nous amène à l’époque antédiluvienne, où les monstres hybrides, les démones culturistes et les démons androgynes régnaient en maîtres sur le monde. La question qu’on pouvait légitimement se poser dans la saga originelle, c’est comment une civilisation basée sur le culte du soi et la loi du plus fort avait pu réunir tous ses membres sous le leadership de Satan… Et bien la réponse nous est donnée ici !
Les clans de démons cèdent les uns après les autres face à un puissant ennemi, et leurs divisions jouent contre eux. Nous suivons le clan des Sirènes dans sa lutte pour la survie. (Décidément, le mythe des harpies a fasciné bien des auteurs de SFFF, remember les récits de H.P. Lovecraft et R.E. Howard sur le sujet...)

La championne Sheena perd son âme sœur le jour où naît une aberration : un mâle sans ailes dans une tribu de guerrières ailées où la reine se reproduit par parthénogenèse… A son corps défendant, il est décidé qu’il sera offert aux forces de la destinée : livré à lui-même, il devra survive et faire ses preuves pour être accepter par le clan…

Les années passent…
L’Aberration a survécu, et Sheena chargé de le surveiller est persuadée qu’il a été aidé, et effectivement il entend la voix télépathique du « monstre blanc », une mutante albinos condamnée à l’obscurité par le reste du clan. Et il parvient à la délivrer (avant de se violer par elle qui veut vampiriser son énergie vitale) le jour où l’Ennemi lance une offensive d’envergure pour annihiler le Clan des Sirènes. A la demande de la reine, les enfants terribles la dévorent pour perpétuer l’esprit du clan (on suit donc dans les préceptes des religions cannibales)…

Les années passent…
Attaques après attaques, les démons survivants rejoignent le camp d’un messie nommé Satan qui leur offre un espoir de victoire contre l’Ennemi, alors que chacun des survivants du Clan des Sirènes honore le passé à sa façon :
- l’Aberration qui a toujours été renié par les siens continue de la jouer loup solitaire
- le monstre blanc a fait sien le nom de son clan pour être dénommée Sirène
- Sheena, privée de ses ailes depuis le jour funeste, continue la lutte
Pour retrouver son intégrité et reconstituer son clan, Sheena suit les conseils du démon rhinocéros Caym et tente de s’approprier les pouvoirs d’Amon le héros, le premier et le plus puissant des démons, scellé dans le ciel par les dieux anciens… Mais malgré tout son courage et toute son abnégation, elle n’est pas assez forte et se fait prendre au piège par les tentations du diable. L’Aberration, qui a assistée à ses derniers instants, tente alors de réaliser l’impossible… et s’empare du pouvoir des ténèbres !
Amon le ressuscité refuse de rejoindre l’armée du Porteur de Lumière, et s’élance à poursuite des kidnappeurs de Sirène (qui s’est fait passer pour Lucifer pour protéger son seigneur et maître, qui souhaite découvrir la localisation du QG ennemi).

Le côté drama est intéressant, mais le background est foireux car impossible de savoir qui est ce fameux ennemi : dinosaures intelligents, hommes-lézards, Atlantes, Elohims, agents de Dieu ou des dieux (oui, on brouille les pistes en passant du monothéisme ou polythéisme, sans doute pour ne pas avoir d’ennui avec le PTA, la religion, familles de France et tout ça…), ou Satan lui-même qui utiliserait un ennemi factice pour rallier les démons à sa cause (c’est la théorie du choc chère aux à tous spin-doctors actuels)… Après lecture, je n’en sais fichtrement rien !
Par contre l’idée de l’échelle d’Amon qui remplace l’échelle de Jacob est très belle, tant dans sa conception que dans sa réalisation. Impossible de ne pas penser au vortex entre les mondes de "Berserk", mais comme Kentaro Miura est le fan n°1 de la saga "Devilman", c’est tout à fait normal que les similarités soient de mise.


On sent bien que presque 30 ans séparent les deux œuvres : les dessins de Go Nagai puisaient dans les univers de H.P. Lovecraft (remember Cthulhu !) et des "Contes de la Cryptes", les dessins Yu Kinutani puisent eux dans les univers de H.R Giger (remember Alien !) et de "Métal Hurlant", mais l’ombre de Gustave Doré continue de planer sur la saga "Devilman"… Et puis, entre-temps le genre horrifique, auquel la saga a largement contribué en ce qui concerne les mangas, a fait sa révolution culturelle aussi avec l’irruption de l’hémoglobine en technicolor au milieu des années 1970’s.
Malgré des inégalités et des trucs too much (pour un mangaka, cette saga qui a su vaincre tous les censeurs est forcément no limit), c’est un vrai plaisir de retrouver l’univers de Devilman avec des graphismes modernes travaillés et soignés jouant constamment sur le contraste entre la lumière qui émane de Lucifer et l’ombre qui émane de Devilman. On nous gratifie ainsi de quelques planche splendides voire mémorables comme ces grandes métropoles qui fondent comme de la cire, au celle qui reprend une célèbre scène de "Lone Wolf & Cub" (celle où le héros trace sa route sur l’étroit chemin blanc qui sépare l’Enfer du Paradis, alors qu’ici Akira Fudo doit tracer sa route sur l’étroit chemin blanc qui sépare l’enfer de l’enfer…^^)
Par contre âmes sensibles s’abstenir car on est bel est bien dans du bon gros seinen qui tâche, avec du sexe et de la violence, parfois les deux en même temps, et on ne lésine pas sur l’horreur et sur le gore !!!
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