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Critique de Bougnadour


C'est au bout de 220 pages que j'ai trouvé de l'intérêt à ce roman, jusque-là il ne s'agissait que de la biographie d'un jeune homme plutôt agaçant dans son dandysme très étudié et son indécision pathologique quant au sens à donner à sa vie.

Originaire de l'île d'Isabella, dominion britannique, Ranjit Kripalsingh préfère se faire appeler Ralph Singh, premier signe d'un caractère insatisfait. Issu d'une famille pauvre côté paternel et devenue riche côté maternel, il est représentatif de la classe moyenne dans une société post-coloniale : plutôt méprisant vis-à-vis de ses compatriotes noirs anciens esclaves, envieux des vieilles familles de colons mais les jugeant sur le déclin. le jeune Ralph Singh se construit un personnage insaisissable, refusant les amitiés, fuyant les conflits.

Son île étant finalement trop petite pour lui il part étudier dans l'Angleterre de l'immédiat après-guerre, mais son dilettantisme fait de lui un élève médiocre qui se consacre plus efficacement à la chasse aux filles ce qui lui vaut d'épouser une belle anglaise aussi peu stable que lui.
Revenu à Isabella auréolé d'une expérience anglaise et enrichie d'une femme blanche, Singh reprend dans la bonne société son rôle de jeune homme mystérieux et donc plein de promesses. Après de bons investissements immobiliers et le départ prévisible de son épouse, Singh qui ne sait toujours pas quoi faire de sa vie se lance dans la politique. le système colonial étant vermoulu il suffit de quelques articles et discours pour le faire s'écrouler et à sa grande surprise Singh arrive au pouvoir aux côtés de Browne son ami d'enfance.

A partir de là le roman prend toute sa dimension, Singh affronte les écueils de tous les nouveaux dirigeants des pays décolonisés : répondre aux espoirs des plus pauvres, éviter les tensions raciales, se passer des fonctionnaires coloniaux, construire une économie réelle et autonome sans compétences locales, éviter le clientélisme. de fait les renoncements arrivent vite et la peur du peuple s'installe, il ne reste que des vieilles recettes, continuer à attiser la haine du colonisateur, envisager l'opération magique de tous les gouvernements «progressistes» : la nationalisation et bien sûr construire un appareil répressif pour s'accrocher au pouvoir. Mais pour tout échec il faut un coupable ce sera lui que choisiront les hommes de paille qu'il a amené au pouvoir.

Cette dernière partie est une terrible charge contre les « élites » décolonisées, elle fût mal accueillie par les tiers-mondistes des années soixante-dix mais force est de reconnaitre qu'elle décrit exactement ce qui s'est passé dans bien des anciennes colonies qui n'ont toujours pas assumé les charges de la liberté.
Si le roman tape juste sur le plan politique il n'en est pas moins ardu et parfois ennuyeux. Les introspections du narrateur me sont souvent restées obscures et comme il ne provoque guère d'empathie cette lecture ne m'a pas ravi.
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