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Critique de Lishbks


Écrire un roman. Vaste programme, idée séduisante, peut-être un peu effrayante aussi. Mais pour Mitiarjuk Nappaluk, c'est carrément bousculer les lignes, sortir du cadre et en inventer un nouveau. Car elle écrit un roman sans connaître en amont ce concept. Bref, elle innove !

Grâce à ses multiples connaissances, à sa curiosité, à ses aptitudes tant en des tâches traditionnellement féminines qu'en des plus masculines, elle offre à son lectorat la rencontre en immersion avec toute une communauté Inuk.

Onitialement conçu afin de transmettre du vocabulaire autochtone à des missionnaires catholiques, ce qui m'a frappée à sa lecture, c'est l'évolution du style. Les premiers chapitres sont très ancrés dans les dialogues dans lesquels les personnages décrivent beaucoup leur actions. Ils semblent ainsi interagir avec le lecteur (qui ne voit pas l'action) plutot qu'avec leurs comparses qui sont effectivement près d'eux. L'autrice semble prendre goût à animer ses créations, transmettre son expérience du monde à travers eux, presque comme un enfant qui jouerait à la poupée. Puis la narration s'affirme, prend une place plus importante. Les sentiments s'invitent davantage, diverses croyances traditionnelles, aussi. Les chapitres se répondent davantage les uns au autres. Les personnage s'émancipent de leur rôle-témoin.

Si la postface du traducteur attribue une part de ces changements au fait que la dernière partie du livre n'a pas été écrite à la demande des missionnaires, ce qui a permis à Mitiarjuk Nappaaluk de s'affranchir de certains tabous, n'y aurait-il pas aussi chez cette audacieuse exploratrice du verbe, une maîtrise progressive de son art ?

Une nouvelle fois merci aux éditions dépaysage d'avoir fait réémerger un trésor littéraire, atypique, brouillant les pistes entre anthropologie et création littéraire. Sans modèle et donc sans comparaison possible, cet objet littéraire non identifié aboli toutes les frontières.
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