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Critique de LaGeekosophe


Tout d'abord, merci aux éditions La Peuplade et à Babelio pour l'envoi de cette Masse Critique. Je dois saluer la qualité de l'objet livre ! Ici, nous entrons dans un thriller psychologique dans un pays imaginaire, ou presque. C'est une totale découverte pour moi et ce fut une escapade intéressante.

Le roman est avant tout une histoire de fin de règne. La dynastie Bleed est à bout de souffle après 3 générations de domination sans partage. Vadim, le nouveau président, ne s'intéresse pas vraiment à la politique et préfère les bolides, les fêtes et les rails de coke. C'est son père, Mustafa, qui tient tant bien que mal les rennes à 82 ans passés. D'autant plus que le pays affronte de nombreux désordres : l'ombre du colonialisme flotte toujours comme un vieux fantôme. L'uranium, seule ressource valable, est la proie des plus grosses puissances mondiales. Deux ethnies se déchirent au sein du pays, l'une étant régulièrement brutalisée par l'état. Dimitri Nasrallah présente un pays qui connaît toutes les crises possibles et imaginables. On sent qu'il s'est inspiré de son Liban natal et qu'il a bien étudié son sujet.

L'auteur a fait le choix d'une narration à plusieurs voix. Nous faisons face aux pensées de Mustafa d'un côté et de Vadim de l'autre. Entre ces parties, nous avons régulièrement des articles du journal national et des billets de blog se rebellant contre le pouvoir en place. Grâce à cette alternance de points de vue, nous avons une vision panoramique des événements. le procédé est intéressant, notamment car ce qui se passe dans les journaux est à peine évoqué par les deux dirigeants. de plus, les parties articles, rédigées bien sûr dans un style très journalistique, m'ont ennuyées et cassaient sérieusement le rythme de l'histoire. Autrement, les parties consacrées à Vadim et à Mustafa sont rédigées de manière efficace et acérée, ce qui rend la lecture fluide.

Le roman traite également de la difficulté des relations père-fils, notamment lors des héritages encombrants. C'est cette dimension du récit qui est très bien traitée. A vrai dire, on sent rapidement venir l'ampleur d'une tragédie grecque. La situation est ironique. Vadim a toujours eu un confort matériel absolu mais son destin de chef d'état lui pèse plus comme une malédiction. Mustafa est toujours avide de pouvoir mais c'est son corps qui lui faut défaut. Curieusement, la nature exacte de leur relation n'est jamais directement évoquée. Ils n'entrent jamais en contact. Comme s'il y avait une distance entre eux, malgré les quelques moments de protestation juvénile de Vadim.

En conclusion, une lecture dépaysante qui nous emporte dans un univers impitoyable. Lutte de pouvoir, relation père-fils, crise politique… le style efficace nous emmène sans problème dans cette histoire brute. Dommage que quelques passages cassent le rythme, ce qui rendait la lecture moins accrocheuse. Un peu plus de suspense dans l'écriture aurait permis à ce thriller politique de devenir plus addictif.

Lien : https://lageekosophe.com/
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