AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de vibrelivre


Tobie Nathan dit que c'est un roman. A le lire, on songerait plutôt à un conte, ou à une légende. Il est de ces récits racontés par une Tzigane de Transylvanie dont le prénom renvoie à la voyance, relatés dans sa langue, et donc traduits, mais sont-ils traduisibles?- qui ramènent à des temps de superstition, ou à un monde surnaturel, et qui couplés à d'autres récits où l'amour ne connaît pas d'entrave, finissent par tisser la possibilité d'un univers hospitalier, utopique, à tous les laissés pour compte. de ces récits, un vieux psy désabusé, Elie, qui exerce encore dans un centre d'ethnopsychiatrie, cette psychiatrie avenante et humaine, et qui reste à jamais un petit immigré dont la règle de survie est de sourire à chacun, est le dépositaire. Son métier l'a habitué à entendre toutes sortes d'histoires, et loin de les mépriser, il se sait enrichi par elles. C'est un homme qui prête de l'attention à chacun, croit à la puissance des objets, dit non à la folie mais oui aux esprits. Les récits qu'il a écoutés parlent d'un enfant peu ordinaire, âgé de dix ans,Youri, capable de prodiges effrayants et de miracles qui sauvent toute une vie. Elie éprouve une affection viscérale pour Youri en qui il se reconnaît petit. Ce petit garçon est toujours solitaire, de cette solitude, la vraie, qui est comme un appel à Dieu. Youri est attiré par Elie. Qui va être le gardien de l'autre ?
le lieu de l'action est Paris, et plus précisément le boulevard Arago, où se trouvent une friperie qui répond à l'enseigne de Samuel's pour donner dans le chic anglais. Cette friperie est un monde à elle seule, dont les habitués, tous pittoresques, sont pétris d'humanité, et le patron, Samuel, la voix de votre désir ; et le deux-pièces d'Elie, là où sous les pavés coule la Bièvre et s'est dressée l'église Saint Hippolyte.
le temps de l'action, c'est le nôtre : sévissent le marasme, les attaques terroristes, un Président qui ignore les petites gens, et qui devra, ordre divin, les laisser passer devant lui.
Les dieux naissent et meurent, dit l'écrivain. Ils apparaissent à chaque bouleversement de la connaissance. Internet n'a-t-il pas révolutionné la façon de saisir la connaissance ? Youri n'est-il pas un nouveau dieu, ou tout au moins un de ses apôtres ?
Dès l'ouverture du livre, on est séduit par un ton. Il est vif, léger, sans rien qui pèse, inspiré et primesautier à la fois. le rythme est fringant, comme si l'on se promenait un jour de beau temps, et qu'on s'arrêtait partout où ça en vaut la peine. de la chanson est dans l'air, mais avec des rimes faciles à presque chaque coin de phrase et qui lassent à la longue, comme le bateleur ou comme dans En attendant Bojangles. L'atmosphère est de désir, liberté, humanité. L'allure laisse deviner l'homme Nathan : deux exemples, cette comparaison « fauteuil profond comme ma tristesse le jour du décès de ma mère ; cette phrase  « parmi les étrangers des êtres d'exception ». Ce sera ma conclusion : ce livre avant tout fantaisiste, fait pour le plaisir, est un hymne à tous ceux qui sont rejetés, et un appel détourné à la bienveillance et à la générosité.
Commenter  J’apprécie          20



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}