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Critique de JML38


JML38
06 décembre 2019
Difficile de ne pas être bouleversé par cette lecture. Par les images de guerre tout d'abord, terribles, choquantes, plongeant le lecteur dans une réalité dérangeante, que ce soit dans l'évocation de ce que vit Robert, jeune appelé de 20 ans, quelque part en Kabylie, envoyé là comme beaucoup d'autres pour le « maintien de l'ordre » lors des « événements » d'Afrique française du Nord, ou à travers les souvenirs de Jean-Baptiste qui a couvert en tant que reporter les conflits les plus terribles de la planète.

Mais également en découvrant les lettres que s'écrivent Robert et sa fiancée Danielle, des missives émouvantes, poétiques, voire lyriques, pleines d'espoir et d'amour, mais aussi de peur, de doutes, Robert ayant l'intuition qu'il ne sortira pas vivant de l'enfer de cette guerre qui ne dit pas son nom, qu'il ne comprend pas, persuadé d'être un intrus qui affronte ceux qui défendent la cause la plus juste.

Les allers-retours sont fréquents dans l'espace et le temps, le récit débutant à Fontainebleau des années après la mort du jeune Robert. Danielle, qui a cru pouvoir oublier son premier amour et refaire sa vie avec Gilles, l'ami fidèle, l'épaule sur laquelle elle a pu s'appuyer pour fonder une famille dont fait partie Jean-Baptiste, est rattrapée par son passé et sombre dans une profonde dépression. Elément à l'origine - peut-être – du choix de son fils, apprenant l'existence de ce fiancé tragiquement disparu, de parcourir de façon addictive, presque maladive, les endroits les plus dangereux pour un journaliste, l'amenant lui-même aux limites psychologiques du supportable.

Un texte d'une grande puissance émotionnelle, dans lequel on ressent la nécessité pour l'auteur de mettre sous forme de phrases cette histoire familiale, comme une sorte de thérapie, et son besoin de dénoncer en son nom, celui de sa mère, de son père, sans oublier Robert, l'absurdité de la guerre qui les a meurtris, de la guerre en général et de la folie des hommes qui la provoque, et de rendre hommage à Danielle en citant Prévert : « Quelle connerie la guerre ! »

Difficile de ne pas être bouleversé par cette lecture, avec comme le sentiment troublant de s'immiscer dans l'intimité de personnes dont les mots étaient uniquement destinés à l'être aimé.
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