Comme la plupart de ses œuvres à elle, léguées au Whitney Museum New York. Ne sachant qu'en faire après sa mort, le 6 mars 1968, le musée les a détruites. Par contre il a gardé les trois mille œuvres à lui qu'elle avait donné données lorsqu'Ed est mort un an plus tôt.
Deux jeunes hommes un peu oisifs devaient toujours flâner avant de commencer à vivre après c'est impossible. On se presse, on court. On ne flâne plus.
L'art médiocre se borne à dire quelque chose, par exemple " Voici la nuit". Le grand art donne la sensation de la nuit.
Il n'y avait personne à cette heure-là. Pas un homme, pas une femme sur le perron de la maison, pas un chien dans les hautes herbes jaunes. L'ensemble dégageait une grande impression de solitude. Tout le monde dormait. J'avais fait le plein à la station-service. J'arriverai dans la nuit chez Ed et Jo.
La Chevrolet blanche roulait tous phares allumés sur le ruban de la route. Les gouttes de pluie avaient séché depuis longtemps sur le pare-brise. Le ciel avait viré au bleu violet, et l'automobile s'avançait de plus en plus profondément dans les bois. C'était à peine si maintenant, de part et d'autre, on distinguait les collines dont les formes ondulées ressemblaient à des bosses de chameau. Ici et là, une maison blanche en lisière de forêt, cernée par des arbres bleus, genre mélèzes, arborait ses volets clos comme autant de visages fermés.