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Critique de jcjc352


Il y a des livres qui sont denses, d'autres qui ont une masse volumique élevée, d'autres encore ténébreux, celui ci c'est un mélange et bien plus encore.
 En fait il est dense comme du plomb si dense même qu'il se révèle difficilement pénétrable. Un trou noir où la lumière ne pénètre pas et donc achluohobes s'abstenir 
Ouvrage difficile tant par la forme que par le sujet
Pour la forme Navarre nous gâte par un style très soutenu, sans aération aucune qui fait un texte compact et gluant à couper au couteau et dont il est difficile de se dépêtrer : mieux vaut faire une pause à la fin d'un chapitre sinon…Un français élaboré, haut de gamme, comme les personnages, coupé d'aphorismes fréquents de bon ton, un tantinet pédants et de petites subtilités lexicales parlantes bien vue et bien amenées, on apprécie. Des interrogations intellectuelles incessantes, des finasseries complaisantes d'états d'âme, d'une hypersensibilité, d'atermoiements languissants des personnages et j'en passe.
Pour le thème on est dans un milieu de grands bourgeois très 'conventionnel, de l'autorité  patriarcale qui évite tout questionnement publique.
Un sujet sur l'homosexualité ou plutôt sur un homo assez complexe qui revendique son état et non pas un choix à une époque où on ne rigolais pas vraiment avec ça!
Pessimisme très profond de l'auteur qui prend plaisir (?) ou alors c'est maladif à engluer ses personnages dans des situations inextricables et ne leur laisse aucun échappatoire. Il est très improbable que la réalité concocte un univers aussi tordu et des personnages aussi malsains. le discours sur la position inconfortable des homos de l'époque s'en trouve desservie. Celui sur l'autorité aussi, le père monolithe et la société à son image ou l'inverse on est dans les années 80 quand même!
"Essoufflement biologique de l'espèce" (sic ) ici se serait celui de l'homme tourmenté derrière l'écrivain Navarre.
Les personnages lassent leurs entourage: le père ses enfants et sa femme, Claire ses enfants, Luc ses amis, Sébastien ses collègues, Bertrand sa famille et ses proches et indirectement sans en avoir l'intention son amant et tous ensemble se liguent contre le lecteur.
Personnages au même niveau, tous intensément torturés, même propension à une expansion verbale, véritable logorrhée, devant un public qui ne comprend pas, même narcissisme nombriliste, le pléonasme est voulu, et déprime profonde: des hypocondriaques malsains.
Une figure se détache le père froid insensible calculateur, lointain pourtant il assume ainsi que sa soeur, presque de la même eau tous deux dans une relation ambiguë une enfance mal terminée et qui n'en finissent pas de se jouer la comédie à huis clos.  
La bonne qui subit mais dans un milieu pareil ne compte pas, bien qu'elle soit le seul élément sain de la narration, la mère, plasmode de physarum polycephalum (blob en fait, il fallait trouver une appellation un peu recherchée pour ce personnage de la haute), insignifiante.
le chien Pantalon (III, le troisième du nom pour cette caste sociale incapable d'individualiser un être par un nom original, bien à lui) euthanasié sans douceur et sans remords d'entrée de livre, ce qui donne un ton toxique à l'ouvrage et un prélude à ce qui va suivre.
Pour faire bref sinon le spleen guette !
En conclusion c'est un livre qui commence mal et qu'on a du mal à commencer qu'ensuite on pense l'abandonner car hermétique mais qu'on reprend car incontestablement la qualité d'écriture et la pensée sont là et puis on le ferme un peu nauséeux pas tant par le sujet mais par la noirceur de ces personnages égarés animés par un spin vertigineux de nombrilisme complaisant englués intellectuellement dans le malheur.
On peut, et on doit, reprocher une théâtralisation assez grossière des personnages, du sujet de l' homosexualité ou/et l' autorité (à un sens plus large que patriarcat) et la narration elle-même: des scènes qui en soi seraient réjouissantes sont noircies a envie: une escapade en amoureux aux chutes du Niagara devient un sujet d'angoisse, une partie de plaisir au jardin d'acclimatation un exercice de mémoire de la peur. Les évènements sont gratuits et glauques une méchanceté abusive lors de l'euthanasie du chien, la mort de la bonne...
Excessif en tout on se demande où Navarre a voulu en venir. A ne pas lire pendant la canicule ou alors boire avant d'avoir soif mais il faut le lire car il reflète une époque et une mentalité face à un problème de société et un dysfonctionnement maladif notoire de l'auteur.
Ensuite et surtout se dépêcher de l'oublier…s'il le veut bien.
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