AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Jiby


Cuba spleen est le témoignage d'un écrivain franco-cubain qui a vécu son enfance au coeur du régime castriste de Cuba.
J'ai voulu lire ce livre comme pour compléter une expérience personnelle vécue lors de mes 23 ans, âge auquel l'auteur à quitté l'île, âge auquel j'y ai mis les pieds.
J'étais alors jeune enseignant, ayant fraichement été reçu au concours de l'enseignement, et alors stagiaire en attente de titularisation dans un petit collège des Ardennes. L'IUFM (c'était son nom à l'époque) proposait à ses étudiants de faire un stage de découverte du milieu éducatif dans un pays étranger : Cuba. C'est en m'inscrivant à cette aventure, que je me suis retrouvé quelques mois plus tard, non en tant que touriste, mais bien en tant qu'étudiant français, plongé au coeur de l'université cubaine de Pinar del Rio avec quelques-uns de mes collègues français. Je suis alors un petit jeune naïf qui ne connais pas vraiment la situation à Cuba (l'histoire-géo n'étant pas mon fort) et qui sait à peine que ce pays est considéré comme une dictature.

Je fais la découverte d'un peuple d'une beauté incroyable, par son métissage, sa chaleur humaine, son accueil… Je n'ai pas vraiment ressenti le poids d'une dictature. J'ai même plutôt eu le sentiment d'un peuple fier et heureux, éloigné de nos matérialismes occidentaux (et je ne peux m'empêcher de penser qu'il aurait peut-être était différent sous un autre régime).
Mais cela doit être relativisé : je ne parlais pas un mot d'espagnol ( j'avais un traducteur pour m'accompagner) et je n'y suis resté que quelques jours.
Seul moment, où j'ai compris qu'il y avait peut-être de la censure dans l'air, c'est lorsqu'avec mes collègues, nous avons eu un entretien avec la directrice d'une école de Pinar del Rio et que je leur ai naïvement demandé « comment faites-vous pour que les élèves soient aussi sages et disciplinés ? » (ayant en tête l'image de nos gosses européens remuards). J'ai vu un regard gêné entre mon traducteur et la directrice qui finit par répondre en espagnol et on me traduit mais ça ne répond absolument pas à la question posée. Ne me rendant pas compte de mon insolence, je persévère en reposant la question différemment… et on me répond encore à côté. Je ne comprends pas pourquoi ils ne comprennent pas ma question. Je n'insiste pas... (C'est que j'aurais pu finir en cabane sans comprendre pourquoi ! Ce sont mes collègues qui m'ont dit, plus tard, qu'ils devaient avoir compris la question mais qu'ils ne pouvaient pas répondre).
Je ne vais pas développer tous mes souvenirs de ce passage de ma vie, je suis là pour faire une critique, mais c'est teinté de ces souvenirs, que je décide de lire cet ouvrage pour mieux comprendre l'envers du décor et découvrir ce que je n'ai pas vu à l'époque…cette contradiction entre ce que j'ai vu et ce qu'on en dit.




William Navarrete, comme il le déclare lui-même dans l'ouvrage, est un enfant de la bourgeoisie cubaine. Dés le départ, il est issu d'une famille qui représente l'ennemi des révolutionnaires cubains. Il fait partie de ceux qui ont le plus perdu avec l'arrivée du communisme au pouvoir. Il est donc tout à fait logique, en ayant reçu cette éducation (sa mère lui a appris très tôt l'état de dictature) et en ayant fui Cuba, qu'il en garde le pire souvenir qui soit.
Le livre propose donc le témoignage (forcément subjectif) d'une personne qui l'a vu de l'intérieur. Il est forcément différent de celui qui l'aurait vu de l'extérieur. Toute objectivité est impossible sur le sujet et il n'y a pas lieu de juger le point de vue d'une personne qui a vécu à Cuba pendant 23 ans et de chercher à le contester.
Pourtant, je n'ai pas pu m'empêcher de ressentir que le témoignage était à charge et que certains propos me paraissaient discutables. Qu'il s'agisse de la relecture des événements comme des intentions délibérées de Castro (l'appauvrissement de sa population) ou la minimisation d'autres facteurs (comme l'embargo américain) dans le maintien de la situation.



Après avoir expliqué que Cuba a connu des heures somptueuses où la démocratie semblait plus avancée qu'ailleurs au début du XXe siècle. L'auteur explique les alternances avec des dictateurs (Machado, Batista puis Castro). William Navarrete décrit des situations vécues dans son enfance dans un Cuba sous l'emprise de Castro et ses sbires (ceux qu'il n'élimine pas). Les chapitres, voire les paragraphes se suivent mais on passe parfois du coq à l'âne et je n'ai pas compris certains passages, voire certaines contradictions. La lecture est restée relativement facile et fluide. Les anecdotes permettent de mieux ressentir les évènements décrits.


J'ai déduit de ma lecture que Castro était peut-être plus un opportuniste qu'un communiste. Il me semble que définir la situation de Cuba est une chose complexe. L'auteur, de par la nature même de son écrit, un témoignage, et de son vécu, ne peut avoir le recul nécessaire, pour y parvenir pleinement. C'est bien compréhensible ! Il n'en reste pas moins que la complexité de vivre sa jeunesse sous un tel régime est bien comprise à la lecture de ce livre.




Quand on quitte un extrême, on a tendance à se précipiter dans les bras ouverts de son extrême opposé. du communisme au capitalisme. Sommes nous tous condamnés à choisir entre l'aliénation forcée et l'aliénation choisie ? Il me semble toujours trop simpliste de faire un amalgame entre la dictature (que ce soit celle de l'URSS ou celle de Cuba) et le communisme. le second n'est pas la raison mais l'excuse de la première. On associe le communisme à la dictature et le capitalisme à la démocratie. Pourtant, tout pouvoir à la tête d'un état a tendance à s'arranger avec la vérité pour essayer d'y rester, y compris en démocratie même si c'est dans une moindre mesure. Il n'y a pas de frontière entre dictature et démocratie: tout n'est qu'une question de degrés.
Commenter  J’apprécie          20



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}