Mbëkë mi : à l'assaut des vagues de l'Atlantique

L'auteur sénégalais, voit régulièrement des pirogues chargées de jeunes en quête d'un avenir meilleur quitter son pays, où la mer, l'agriculture et l'industrie ne parviennent plus à nourrir les habitants. Il a fini par écrire sur ce sujet. Mbëkë mi, autrement dit le «coup de tête» sur lequel on décide de partir, est le récit de Kaaba et de Baye Laye, marié et père, qui entreprennent de devenir passeurs pour 400 000 F CFA le temps d'une traversée. Issu de la littérature africaine, ce livre est un véritable cri. Un cri… et aussi un conseil que l'auteur souhaite faire passer. Celui que devrait suivre tous les africains de l'ouest. Ceux qui des ports de Saint Louis, Dakar et autres lieux d'embarquent, montent dans ces pirogues de pécheurs certes construites pour la haute mer mais pas pour transporter des dizaines de personnes. Au pays, ceux qui sont restés, pleurent encore aujourd'hui leurs amis disparus.
Dans ce court roman, superbement écrit, mêlant intimement chez les personnages l'analyse rationnelle et les croyances traditionnelles (concepts nullement incompatibles en Afrique), j'ai été embarquée avec ces sénégalais ivres de liberté et d'images édulcorées de ce qu'ils appellent l'éden européen. Et même si l'immigration est un choix, le roman d'Abasse Ndione a le mérite de rappeler que l'immigration, plus qu'un choix, est malheureusement aussi une nécessité à leurs yeux.